VARIÉTÉS DIFFÉRENTIABLES
Vecteurs tangents
Dans ce qui suit, pour tout point M de En, on considère l'espace vectoriel (En)M des vecteurs d'origine M ; cet espace est isomorphe à Rn. Plus précisément, Rn est l'espace vectoriel des vecteurs ayant pour origine le point O. En associant à tout vecteur d'origine M le vecteur d'origine O qui lui est équipollent, on définit un isomorphisme de (En)M sur (En)O = Rn ; l'image inverse de la base naturelle de Rn par cet isomorphisme définit une base naturelle sur (En)M.
Vecteurs tangents à une sous-variété de En
Soit M un point d'une sous-variété V de classe Ck, avec k ≥ 1, et de dimension p de En et soit (U1, ϕ1) et (U2, ϕ2) deux cartes différentiables au voisinage de M ; les différentielles de ϕ1 au point ϕ1−1(M) et de ϕ2 au point ϕ2−1(M) sont deux applications linéaires de Rp dans Rn qui ont même image, puisqu'elles diffèrent par la différentielle de ϕ1−1 ∘ ϕ2 au point ϕ2−1(M). On dit qu'un vecteur d'origine M dans En est tangent à V en M s'il est parallèle à cette image ; les vecteurs tangents à V en M forment un sous-espace vectoriel de dimension p de (En)M, que l'on notera T(V)M.
Les vecteurs tangents à V en M sont encore les vecteurs vitesse en M des trajectoires tracées sur V et passant par M. Si V est une surface de E3, on retrouve exactement le plan tangent au sens habituel.
Remarquons enfin que les vecteurs tangents à En lui-même au point M sont les vecteurs d'origine M ; donc on a l'égalité T(En)M = (En)M.
Opérateurs de dérivation
Soit X un vecteur tangent à V en M dont on notera X1, X2, ..., Xn les coordonnées dans la base naturelle de (En)M ; soit f une fonction de classe C1 définie sur un voisinage de M dans V et soit F une fonction de classe C1 définie sur un voisinage de M dans En qui prolonge f. Alors la quantité :
ne dépend pas du choix du prolongement F ; elle ne dépend que de X et de f. On l'appelle la dérivée de f suivant le vecteur X et on la note X(f ). On vérifie facilement que :1. Cette dérivée X(f ) ne dépend que du germe de f en M, c'est-à-dire que, si f et g coïncident sur un voisinage de M, alors X(f ) = X(g) ;
2. On a X(kf + g) = kX(f ) + X(g) pour toute constante k ;
3. Quelles que soient les fonctions f et g, on a X(fg) = f (M)X(g) + X(f )g(M).
Un opérateur U sur l'ensemble des fonctions de classe C1 définies au voisinage de M qui vérifie ces trois propriétés est appelé un opérateur de dérivation en M. On démontre que, pour tout opérateur de dérivation U en un point M d'une sous-variété V de classe C2 de En, il existe un vecteur X tangent à V en M et un seul tel que X(f ) = U(f ) pour toute fonction f de classe C2. Par analogie, on définit l'espace tangent en M à une variété abstraite V comme l'ensemble des dérivations en M.
Applications tangentes
Si ϕ : V → W est une application de classe C1, à toute dérivation X au point M de V on associe une dérivation ϕ*(X) au point ϕ(M) de W, en posant :
on définit ainsi une application linéaire ϕ* de T(V)M dans T(W)ϕ(M).Si V = En et W = Eq, les espaces T(V)M et T(W)ϕ(M) s'identifient à Rn et à Rq et ϕ* s'identifie à la différentielle de ϕ en M (cf. calcul infinitésimal - Calcul à plusieurs variables, chap. 2) ; c'est pourquoi ϕ* est, dans tous les cas, appelée la différentielle de ϕ ou l'application linéaire tangente à ϕ en M. Les théorèmes d'inversion locale et des fonctions implicites impliquent que, si ϕ* est bijective (resp. injective, surjective), alors ϕ est bijective (resp. injective, surjective) dans un voisinage de M.
Fibré tangent
On suppose dorénavant que V est une sous-variété de classe C∞ et de dimension p de En. Soit T(V) la réunion des espaces vectoriels T(V)M. On définit une injection de T(V)[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude MORLET : professeur à l'université de Nancy
Classification
Médias
Autres références
-
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs variables
- Écrit par Georges GLAESER
- 5 442 mots
Les « images » et « noyaux » des applications différentiables satisfaisant aux énoncés précédents sont localement des morceaux de « variétés différentiables », qui devront être convenablement recollés pour aboutir à une théorie globale. -
COSMOLOGIE
- Écrit par Marc LACHIÈZE-REY
- 9 300 mots
- 6 médias
...propriétés structurales inhabituelles de cette géométrie. Les mathématiciens appellent variété, et plus particulièrement, dans le cas qui nous occupe, variété différentiable ou riemannienne, un tel espace généralisé. On peut dire que la variété espace-temps est aussi complexe (et donc riche en structures),... -
DONALDSON SIMON KIRWAN (1957- )
- Écrit par Bernard PIRE
- 331 mots
Mathématicien britannique, lauréat de la médaille Fields en 1986. Né le 20 août 1957 à Cambridge (Grande-Bretagne), Simon Kirwan Donaldson fait ses études supérieures au Pembroke College de Cambridge et au Worcester College d'Oxford où il soutient sa thèse de doctorat en 1983. Il occupe ensuite...
-
ESPACE, mathématique
- Écrit par Jean-Marc SCHLENKER
- 1 670 mots
Ces considérations prennent une extension considérable en 1846 dans le mémoire d'habilitation de Bernhard Riemann.Riemann, loin de se restreindre à considérer des surfaces dans l'espace, introduit des objets de dimension quelconque (qu'on appelle aujourd'hui variétés différentielles... - Afficher les 18 références