VARSOVIE (PACTE DE)
Coexistence pacifique et « souveraineté limitée »
Le pacte de Varsovie a permis de coordonner l'action des pays socialistes en faveur de la coexistence pacifique et de maintenir les démocraties populaires dans un système interdisant toute diversification dont l'effet aurait été un relâchement des liens économiques et politiques avec l'U.R.S.S.
La coexistence pacifique
La déclaration finale de la première réunion du comité consultatif politique rappelait l'attachement des participants à la solution négociée des conflits internationaux et leur condamnation du recours à la force ou à la menace. Elle stigmatisait la création de blocs militaires « agressifs » et la course aux armements ; elle exprimait la sympathie des pays socialistes pour les pays afro-asiatiques et accordait l'appui sans réserve du camp socialiste aux décisions de la Conférence de Bandoung en 1957. La déclaration proposait la dénucléarisation des deux Allemagnes. Le 24 mai 1958, les ministres des huit pays, auxquels s'étaient joints, en qualité d'observateurs, deux représentants de la Chine communiste, décidaient la réduction de leurs effectifs militaires. Ils souscrivaient au célèbre plan Rapacki, proposé par le ministre des Affaires étrangères de Pologne le 20 octobre 1957 à l'O.N.U., selon lequel il convenait d'établir une zone dénucléarisée en Europe, zone couvrant les deux Allemagnes, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Par ailleurs, les ministres réunis à Moscou proposaient un traité de non-agression avec l'O.T.A.N.
Entre 1960 et 1966, les diverses réunions reprirent généralement ces thèmes. Puis, à Budapest, le 17 juin 1966, les ministres du pacte de Varsovie lancèrent l'idée d'une conférence européenne sur la sécurité. À l'époque, cette initiative ne fut pas très favorablement accueillie par les États de l'O.T.A.N., sauf la France, qui lui marqua un certain intérêt. Les chances de succès d'une telle conférence se sont multipliées dès que le problème initial, celui de l'Allemagne, a perdu de son acuité avec la politique d'ouverture à l'Est pratiquée par le chancelier Brandt. Le dessein d'ouvrir plus largement ce marché aux industries allemandes n'est certainement pas étranger à cette orientation. Elle s'est traduite rapidement par une détente et une multiplication des accords économiques puis politiques entre la république fédérale d'Allemagne et les pays de l'Est. En 1970, la R.F.A. a signé des traités avec l'U.R.S.S. et la Pologne qui consolident le règlement territorial de Potsdam (août 1945). Elle a établi des contacts avec la Tchécoslovaquie et déclaré reconnaître que les accords de Munich (1936) étaient nuls et non avenus. Le climat ainsi réalisé a favorisé la conclusion, le 3 septembre 1971, de l'accord quadripartite sur Berlin-Ouest, qui règle le problème posé par la circulation des personnes et des marchandises sur le territoire de la R.D.A. Enfin, le 8 novembre 1972, le traité entre les deux Allemagnes a rapproché les « frères séparés » en constatant la qualité étatique de la R.D.A. Il a consacré la normalisation des rapports interallemands et l' Ostpolitik de Brandt. Mais cette politique ne s'est développée qu'à partir de 1969, ce qui explique en partie le retard avec lequel les partenaires occidentaux de la R.F.A. ont accepté l'idée de la conférence européenne sur la sécurité.
La « souveraineté limitée »
La déclaration de Leonid Brejnev du 2 juillet 1968, selon laquelle « l'U.R.S.S. ne peut être indifférente et ne le sera jamais aux destinées de la construction du socialisme dans les autres pays, ainsi qu'à la cause commune du socialisme mondial », est particulièrement significative. Prononcée peu avant l'intervention en Tchécoslovaquie, elle traduit l'une des préoccupations[...]
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Écrit par
- Mario BETTATI : professeur de droit international à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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