PRATOLINI VASCO (1913-1991)
Florentin d'origine populaire, Vasco Pratolini fut influencé par la culture de gauche, et il devient après la Seconde Guerre mondiale — au même titre que Elio Vittorini — l'une des personnalités marquantes de la gauche italienne. Ses premiers récits sont écrits dans un style lyrique typiquement toscan, où la tradition populaire dialectale est manifeste (Il Tappeto verde et Via de' magazzini, 1941). Cependant Pratolini évite le piège du régionalisme littéraire, dans lequel donnent un certain nombre d'écrivains italiens de l'entre-deux-guerres. Ces deux romans sont nettement autobiographiques ; la mémoire évoque avec réalisme et tendresse les sentiments des « frères » prolétaires de l'auteur. Le Quartier (Il Quartiere, 1944) met en scène des jeunes gens accédant à l'âge adulte aux temps du fascisme. Dans Chronique familiale (Cronaca famigliare, 1947), la douleur provoquée par la mort de son frère conduit l'auteur à évoquer les drames de l'enfance ; cette inspiration accentue le tragique de sa description des pauvres gens. Chronique des pauvres amants (Cronache di poveri amanti, 1947) est sans aucun doute, et indépendamment du succès obtenu, un texte important : les rues pauvres et le peuple de Florence se mêlent dans un rêve où le monde tout entier pourrait devenir humain et généreux. Ces deux romans ont fait l'objet de belles adaptations au cinéma, respectivement de la part de Valerio Zurlini (1962) et de Carlo Lizzani (1954). Dans Un héros de notre temps (Un eroe del nostro tempo, 1949), Pratolini ébauche le portrait du héros négatif : un fasciste qui s'acharne à faire du mal même à ceux qui essaient de le traiter avec bonté ; le personnage deviendra cependant une sorte de bouc émissaire ; malheureusement, la morale de l'œuvre est assez manichéenne et unilatérale. C'est en effet à travers la lecture de l'abondante production littéraire de Pratolini que l'on peut saisir la fraîcheur, mais aussi les limites, du réalisme italien de l'après-guerre. Metello (1955), première partie d'une trilogie qui, sous le titre d'Une histoire italienne, devait comporter par la suite La Scialo (1960) puis Allegoria e derisione (1966), campe le héros positif qui se meut dans la Florence du xixe siècle : après avoir repoussé la tentation bourgeoise des sens, Metello fonde une famille exemplaire et se distingue au cours d'une grève. Pratolini, dès les années 1960, est devenu un classique du néo-réalisme. Mais il n'a pu empêcher que sa veine populaire, d'une indéniable vérité dans les premiers livres, s'assujettisse ensuite à trop de considérations idéologiques et s'accommode de complaisances de style.
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Écrit par
- Giovanni IOPPOLO : professeur habilité à diriger des recherches en art moderne et contemporain
Classification
Autres références
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ITALIE - Langue et littérature
- Écrit par Dominique FERNANDEZ , Angélique LEVI , Davide LUGLIO et Jean-Paul MANGANARO
- 28 412 mots
- 20 médias
Mais le représentant le plus emblématique du néoréalisme est sans doute Vasco Pratolini (1913-1991), auteur de Metello (1955), sorte de modèle du nouveau réalisme italien par sa capacité à inscrire l’intrigue dans une perspective idéologique et à donner vie à une littérature nationale et populaire... -
NÉO-RÉALISME ITALIEN
- Écrit par Giuditta ISOTTI-ROSOWSKY
- 3 170 mots
- 4 médias
...d'un modèle narratif et idéologique transparaît dans Agnès va mourir (1949) de Renata Vigano' et dans Les Terres du Saint Sacrement de Jovine. La parution en 1955 de Metello de Pratolini provoque une célèbre querelle sur le réalisme. Mais, avant qu'une polémique ne s'engage à son sujet, d'autres...