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JOUKOVSKI VASSILI ANDREÏEVITCH (1783-1852)

Poète russe de la première moitié du xixe siècle, prédécesseur et ami de Pouchkine, Joukovski a introduit le romantisme européen en Russie. Devenu célèbre par ses ballades, la musicalité de son vers et quelques poèmes patriotiques, il est resté l'un des meilleurs poètes traducteurs de Russie.

Entre la poésie grandiose et officielle de Derjavine et celle de Pouchkine, l'œuvre de Joukovski a été le chaînon indispensable. Romantique ? On en discute. « Expression du xviiie siècle finissant », il a su incarner une certaine « mentalité poétique européenne », selon le mot de M. Ehrhard. Par là, il a été le « Christophe Colomb » de la littérature russe (V. G. Biélinski) grâce à ses dons de traducteur et à sa maîtrise des ressources musicales de la langue. Aujourd'hui encore, son œuvre s'impose par des qualités qui lui sont intrinsèques : ses poèmes lyriques par la discrétion du ton, la subtilité des rythmes, la qualité de l'idéalisme gardent toujours pour quelques-uns une force émotive et poétique unique, de M. I. Lermontov à V. S. Soloviev et A. A. Blok.

Une existence romantique

Né d'un père de vieille noblesse, Afanase Bounine, et d'une captive turque, Vassili Andréïévitch Joukovski – qui porte le nom d'un parrain – est élevé dans un grand domaine seigneurial des environs de Toula. Enfant rêveur et porté à l'introspection, il vit replié sur lui-même et souffre de sa situation d'enfant illégitime. Il fait d'excellentes études, en langues vivantes surtout, à la pension noble de l'université de Moscou, vraie pépinière d'écrivains. Le cercle de ses amis est proche des traditions de N. I. Novikov, de N. M. Karamzine et des traditions de la franc-maçonnerie à tendance mystique : on y a le culte de la science et de la religion, d'une vertu fondée sur la sensibilité autant que sur la raison. De 1802 à 1815, c'est une longue période de travaux solitaires, interrompue seulement par deux années à Moscou et par la campagne de 1812. Sa vie privée est malheureuse : mort d'amis, amour contrarié, maladies. Devenu célèbre, il sera longtemps lecteur et précepteur attaché à la famille impériale et usera de son influence en faveur d'écrivains en difficulté. Il meurt en Allemagne, où il s'était établi depuis 1841.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • CERCLES LITTÉRAIRES RUSSES

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    • 1 021 mots

    Durant le xixe siècle, en Russie, les cercles littéraires et philosophiques jouent un rôle intellectuel et social considérable, surtout dans les premières décennies, quand l'activité littéraire est pratiquement la seule forme d'expression possible : rôle formateur pour des adolescents insatisfaits...