DIATCHENKO VASSILI PETROVITCH (1902-1971)
Docteur ès sciences économiques et nommé professeur de cette même discipline en 1943, Diatchenko est membre du P.C.U.S. depuis 1922. Diplômé de la faculté d'économie de l'Institut polytechnique de Leningrad en 1929, il exerce jusqu'en 1947 les fonctions d'enseignant-chercheur. Il travaille aussi à l'Académie des sciences à partir de 1947, puis, jusqu'en 1956, est successivement directeur adjoint, puis directeur de l'Institut d'économie et membre correspondant de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S.
À partir de 1957, il est successivement « secrétaire académicien adjoint » du département de sciences économiques, philosophiques et juridiques, puis du département d'économie de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. ; il est, en 1961, nommé vice-président de l'Institut scientifique des finances publiques ; en 1962, il assume la présidence du conseil scientifique des prix à l'Institut d'économie à l'Académie des sciences.
Diatchenko a été ainsi le chef de file officiel de ce conseil qui a regroupé bon nombre de statisticiens, de planificateurs et d'économistes, spécialistes du problème des prix. Ils ont été associés aux études, décidées en 1960, qui devaient aboutir en juillet 1967 à la réforme des prix. Dans le cadre de cette recherche, Diatchenko a présenté, à plusieurs reprises, une « sorte de programme » qui a recueilli l'adhésion de la grande majorité des économistes. Ses propositions sur la théorie de la valeur sont parfaitement orthodoxes : il définit la valeur « comme les dépenses socialement nécessaires de travail » et ne se préoccupe pas de l'évaluation de celles-ci (point qui retient au contraire l'attention principale des mathématiciens). Selon Diatchenko, la formation des prix doit prendre pour base les dépenses socialement nécessaires (à la production des marchandises). Mais dans le calcul économique courant, le planificateur ne peut directement se servir de la valeur ; il utilise les catégories usuelles de coût et de profit. Dans la pratique, il faut qu'une directive précise quelle doit être la grandeur du profit à ajouter au coût pour former le prix, et à quoi s'applique le taux de profit.
Diatchenko propose une formule conciliatrice : le système des prix doit prendre en considération aussi bien les coûts en travail que les coûts en capital ; on ajoute donc au coût un taux de profit « calculé » de manière à assurer à toute entreprise fonctionnant normalement une certaine rentabilité, et appliqué pour une part au salaire (rémunération du travail) et pour une autre part aux capitaux productifs. Cette formule générale aboutit à des prix construits non point sur la valeur mais sur « une modification socialiste de la valeur ». Ainsi, les prix établis s'écartent durablement de la valeur. Le planificateur doit en outre créer des écarts provisoires ou localisés entre les prix et la valeur, selon les exigences de la politique économique : nécessité d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande ; prise en considération de la « valeur sociale » de telle production.
Ce programme propose en définitive un système complexe de « types » différents de prix. Les « prix de gros de l'industrie » en constituent la base et se rapprochent le plus possible de la « modification socialiste de la valeur » ; ils présentent en principe l'addition du coût moyen de branche et d'un taux de rentabilité de branches. Toutefois, dans les secteurs où les conditions naturelles ou techniques sont très variables, comme l'industrie extractive, on aura des prix de zone ; ce sont des prix de gros de vente (aux entreprises s'il s'agit de biens de production ; aux magasins de détail pour les biens de consommation). Les prix de gros d'achat, payés aux entreprises, pourront en différer ; pour stimuler[...]
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Écrit par
- Joëlle LE GOFF : diplômée d'études supérieures, chargée de travaux dirigés à l'université de Paris-I
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