TAKIS VASSILIAKIS (1925-2019)
Né le 25 octobre 1925 à Athènes, Panayótis Vassilákis, dit Takis, peut être considéré comme un rénovateur de la sculpture, dans le sillage de Brancusi et Giacometti, et dans la proximité de mouvements tels que l’art cinétique ou le nouveau réalisme. Il s’est installé à Paris à partir de 1954.
Autodidacte, ayant appris des artisans grecs la technique ancienne du travail de la pierre, à l'imitation du travail de l'eau sur les galets, Takis a commencé son œuvre par des sculptures qui rappelaient l'art cycladique et les personnages filiformes de Giacometti (Quatre Soldats, 1952). Très tôt fasciné par l'invention du radar et par ce qu'il appelle le « paysage technologique » des gares de triage, il a, dès 1954-1955, entrepris une série de Signaux, mobiles et verticaux, d'emblée très différents des mobiles horizontaux de Calder. Il les a associés, en 1957, à des feux d'artifice en les exposant sur des trottoirs de Montparnasse et de Saint-Germain-des-Prés, précédant ainsi les manifestations de l'« art dans la rue ».
En 1959, il a l'idée d'utiliser la force magnétique pour maintenir des éléments métalliques dans l'espace. Baptisées « télémagnétiques », ces premières sculptures, libérées de l'attraction terrestre, tentent de rendre visible et sensible l'énergie invisible qui tient tout en suspens. Ayant choisi comme premier lieu d'exposition la galerie Iris Clert, dont il a encouragé la création, il y entre en rivalité stimulante avec Yves Klein et Jean Tinguely, dont les innovations l'intéressent et qui cherchent à incorporer ses idées aux leurs.
En 1960, après l'envoi par les Soviétiques de la chienne Laïka dans l'espace, Takis veut être symboliquement le premier à libérer l'homme de la pesanteur, ce qui le conduira à une performance avec le poète sud-africain Sinclair Beiles, toujours dans le cadre de la galerie Iris Clert. En 1961, il publie en français Estafilades, un livre autobiographique qui retrace avec énergie son expérience d'enfant et d'adolescent dans les quartiers misérables d'Athènes, depuis l'occupation allemande (1941-1944) jusqu'à la guerre civile qui suivit la libération du pays (1946-1949). Ses sculptures de 1961 Télélumières, où il déclenche la « libre bataille des électrons » dans le vide de grosses ampoules, évoquent, par leurs formes et leur lumière bleuâtre, les dieux de la Grèce : leur présence familière parmi les hommes.
Persuadé de la nécessité de revenir aux origines par des moyens d'avant-garde, Takis continuera de s'exprimer par le truchement du magnétisme, mais en renouvelant assez souvent ses thèmes d'application. Ses œuvres utilisant les forces magnétiques, créées entre 1960 et 1990, ont été présentées en 1990 à la J.G.M. Galerie (Paris). Surnommé en 1962 par Marcel Duchamp « gai laboureur des champs magnétiques et indicateur des chemins de fer doux », Takis est plus préoccupé qu'on ne le croit par les catastrophes dont la technologie doit répondre et dont il veut faire prendre conscience en détournant cette dernière de ses fins utilitaires. Ses Signaux étaient aussi des fleurs en métal, mais ses Sculptures hydromagnétiques de 1969, où l'on voit la limaille s'élever comme un petit champignon atomique dans un réceptacle en verre, provoquent une certaine inquiétude. De nouveaux Signaux lumineux sont réalisés, en 1990, pour le pilier nord-ouest de la Grande Arche, à la Défense. Dans ses Peintures magnétiques, ou Télépeintures (1962-1972), où des cônes métalliques, des antennes, des disques sont maintenus à faible distance de la toile peinte d'une seule couleur, l'ombre de ces objets est projetée : manière de dépasser le dernier tableau de Duchamp, Tu m', où les ombres portées des ready-mades étaient peintes,[...]
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Écrit par
- Alain JOUFFROY : écrivain
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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