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VATICAN (Ier CONCILE DU)

Le débat sur l'infaillibilité pontificale

La discussion, qui fut suffisamment libre, commença le 13 mai. Le débat général se ramena en fait à une discussion sur l'opportunité de la fameuse définition. Après une quinzaine de séances, on passa à la discussion spéciale (du 6 juin au 4 juillet). Elle porta essentiellement sur le chapitre iv, où était proposé un texte de définition de l'infaillibilité pontificale déjà amélioré en commission, mais qui ne tenait pas encore suffisamment compte du rôle légitime qui, à côté du pape et en collaboration avec lui, revient à l'épiscopat dans le magistère suprême de l'Église. Cinquante-sept orateurs prirent la parole, mettant en relief les arguments théologiques ou les difficultés historiques ainsi que les avantages ou les inconvénients pratiques d'une définition. Ces débats, souvent fastidieux, permirent du moins de préciser certaines expressions et firent tomber quelques oppositions. Entre-temps d'ailleurs, les tractations de couloir s'étaient multipliées ; en effet, entre les ardents de la majorité et les partisans de la résistance à outrance, la grande masse des Pères était au fond constituée par des hommes modérés, que toute cette agitation peinait et inquiétait profondément. Loin de souhaiter l'écrasement de l'adversaire, ils ne désiraient qu'une chose : trouver une formule transactionnelle qui permettrait d'éviter de faire éclater au grand jour la division de l'assemblée. C'était en particulier, comme l'a bien mis en relief Mgr Maccarrone, le cas de la plupart des Italiens, qui n'avaient été pour rien dans les manœuvres initiales en vue de mettre l'infaillibilité à l'ordre du jour. Ils fournirent par leur nombre un appui décisif au « tiers parti » informel qui se cherchait depuis le début et qui sut faire prévaloir en définitive, entre les outrances néo-ultramontaines et anti-curialistes, des formules relativement nuancées, qui restaient ouvertes à des compléments ultérieurs.

On est même en droit de penser qu'une fraction beaucoup plus importante de la minorité se serait finalement ralliée à cette solution nuancée si Pie IX n'avait pas fait montre d'autant d'intransigeance, intervenant de plus en plus directement dans le sens des ultras de la majorité au fur et à mesure que la discussion se prolongeait. Quoi qu'il en soit du reste, c'est un fait que les efforts de dernière heure en vue d'un ralliement des opposants n'aboutirent pas, en dépit de la bonne impression produite par l'exposé récapitulatif de Mgr Gasser, fait au nom de la commission théologique, commentaire autorisé qui reste d'une importance capitale pour saisir les nuances des textes conciliaires (cf. G. Thils, L'Infaillibilité pontificale). Une ultime démarche de la minorité auprès de Pie IX n'ayant donné aucun résultat, une soixantaine d'évêques prirent le parti de quitter Rome avant le vote final afin de ne pas devoir voter non placet face au pape sur une question le concernant directement. Les autres membres de la minorité estimèrent que les améliorations successives du texte et les commentaires de Mgr Gasser avaient écarté les principales objections de fait et décidèrent en conséquence d'approuver le texte définitif. La constitution Pastor aeternus fut votée solennellement le 18 juillet.

Les événements empêchèrent la continuation du concile, qui n'avait encore rempli qu'une minime partie de son programme initial. Après le vote du 18 juillet, il avait poursuivi ses travaux au ralenti, les chaleurs et la guerre franco-allemande ayant incité la grande majorité des Pères à quitter Rome. Puis, après l'annexion au royaume d'Italie de ce qui restait de l'État pontifical, Pie IX estima que la liberté du concile n'était plus assurée et, le 20 octobre, il déclara celui-ci[...]

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