VATICAN (IIe CONCILE DU)
L'assemblée et ses conditions de fonctionnement
Sur les 2 778 convoqués (80 cardinaux, 7 patriarches, 1 619 archevêques et évêques résidentiels, 975 évêques titulaires, 97 supérieurs religieux), 2 500 environ assistèrent à la première séance solennelle et 2 399 à la dernière ; la présence moyenne évolua entre 2 100 et 2 300. L'assemblée, qui était encore très européenne lors du Ier concile du Vatican, frappait cette fois par sa « massivité mondiale » (A. Dupront) et par le poids des jeunes Églises (Europe occidentale : 33 p. 100 ; Amérique du Nord : 13 p. 100 ; Amérique latine : 22 p. 100 ; Afrique noire : 10 p. 100 ; monde arabe : 3,5 p. 100 ; Asie : 10 p. 100 ; Océanie : 2,5 p. 100), mais les pays du bloc communiste étaient relativement peu représentés.
Ces hommes de culture et de mentalité très diverses, représentant une grande variété de traditions ecclésiastiques et de familles spirituelles, se regroupèrent progressivement entre ce qu'on appela la « majorité » et la « minorité ». La première était loin de former un bloc monolithique, et les différences de tempérament, de formation théologique et de préoccupations provoquèrent à plusieurs reprises des affrontements en son sein, mais, encouragée par la conscience d'être dans la ligne voulue par Jean XXIII, elle était surtout sensible aux réalités du monde et aux nécessités de l'adaptation, ouverte au dialogue œcuménique, dont beaucoup firent la découverte au cours du concile, marquant ses préférences pour une théologie pastorale renouvelée au contact de l'Écriture, plus préoccupée de l'efficience concrète des décisions à prendre que des précisions doctrinales, et généralement méfiante à l'égard d'une centralisation excessive de l'autorité dans l'Église. La seconde, comptant parmi ses leaders les personnalités les plus importantes de la curie romaine et représentée surtout dans les « pays de chrétienté » (Italie, Espagne, Amérique latine), était attachée avant tout à la stabilité de l'Église et à son caractère monarchique, sensible aux risques inhérents à tout changement, très soucieuse de la sauvegarde du dépôt intégral de la foi, mais avait tendance à confondre la formulation dogmatique avec la révélation elle-même. Cette minorité, regroupée durant les dernières sessions dans le Coetus internationalis Patrum, a eu souvent un rôle utile, rappelant des vérités de base un peu négligées et empêchant la promulgation prématurée de textes qui n'étaient pas au point, mais elle fut souvent aussi un facteur d'obstruction plutôt que le véhicule d'éclairages complémentaires. En outre, le poids du dialogue avec la minorité tout au long du concile fit parfois passer au second plan le dialogue avec le monde ; et le souci, très vif des deux côtés et plus encore chez le pape, de réduire l'écart entre les deux tendances pour arriver à une quasi-unanimité fut à l'origine d'un certain nombre d'ambiguïtés, dans les textes comme dans la procédure.
Dans l'impossibilité d'énumérer tous les Pères qui jouèrent un rôle marquant par leurs interventions publiques ou par leur collaboration, plus obscure mais aussi importante, au travail des commissions, signalons seulement quelques noms : du côté de la majorité, les cardinaux Alfrink, Bea, Frings, König, Léger, Lercaro, Suenens, le patriarche Maximos IV Saygh, NN. SS. Butler, De Smedt, D'Souza, Garrone, Silva Henriquez, Zoghby ; du côté de la minorité, les cardinaux Browne, Ottaviani, Ruffini, NN. SS. Carli, Marcel Lefebvre, Staffa et le père Fernandez, maître général des Dominicains.
Au concile de Trente comme au Ier concile du Vatican, les « experts » (periti), théologiens et canonistes, avaient tenu une place notable, mais leur rôle fut plus important[...]
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Écrit par
- Roger AUBERT : professeur à l'université de Louvain
Classification
Médias
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