VÉGÉTAL Phytosociologie
Signification et dynamique des associations végétales
L'implantation, la croissance, le développement et la reproduction d'un végétal sont sous l'étroite dépendance de son environnement, c'est-à-dire de tout ce qui lui est immédiatement extérieur : organismes et milieu physique (sol, eau, air). À cet égard, chaque espèce réagit différemment, selon, en quelque sorte, son propre tempérament. Un individu d'association est donc le résultat d'un triage parmi les éléments de la flore du territoire. Un exemple est nécessaire pour comprendre comment il s'effectue. On choisira celui de l'étage alpin des Alpes centrales où, pour la première fois, dans un mémoire devenu classique, J. Braun-Blanquet et H. Jenny (1926) ont décrit avec précision l'évolution parallèle de la végétation et du sol. Un éboulis calcaire venant de se former est rapidement ensemencé par les diaspores des espèces de la flore du massif montagneux dans lequel il se trouve. Mais seules s'implanteront celles qui peuvent supporter un milieu aussi inhospitalier, grâce en particulier à la faculté de développer un très important appareil souterrain et de régénérer assez aisément leur système aérien plus ou moins constamment mutilé par les déplacements des pierres. Il s'organise ainsi un individu d'association d'une association végétale particulière, le Thlaspeetum rotundifolii. Lorsque la pente est forte et, par conséquent, l'éboulis instable, les choses en restent là. Sinon, les plantes du Thlaspeetum rotundifolli contribuent à la fixation et au colmatage de l'éboulis par rétention, autour de leurs parties aériennes, d'ailleurs assez espacées les unes des autres, d'éléments minéraux fins résultant de l'érosion des pierres avoisinantes et des apports éoliens, éléments auxquels elles ajoutent, par la chute de leurs parties mortes et par leurs cadavres, des matériaux organiques. Bref, du fait de leur existence même, elles créent des conditions nouvelles permettant l'installation d'autres espèces qui finiront par les supplanter. À l'individu d'association du Thlaspeetum rotundifolii, il en succédera ainsi un autre, appartenant au Caricetum firmae. Ce type de végétation est déjà plus fermé, c'est-à-dire que l'ensemble des parties aériennes des plantes constituantes recouvre une plus grande surface : il en résulte que le processus d'accumulation d'éléments minéraux fins et de matière organique non seulement continue, mais encore s'accentue. En outre, à l'étage alpin des Alpes centrales, la fréquence des précipitations et les faibles moyennes thermiques sont les causes respectives d'un entraînement vertical des cations et d'un ralentissement très considérable de la décomposition de la matière organique brute : il commence, ainsi, à se constituer un sol dont, progressivement, la partie supérieure s'enrichira en matière organique et s'acidifiera. Des espèces plus tolérantes à l'égard de ces conditions s'installeront au détriment des précédentes, et il s'organisera, à partir et à la place du précédent, un troisième individu d'association, à peu près complètement fermé, d'une autre association, l'Elynetum. La continuation du processus aboutit à un sol dont l'horizon supérieur, enrichi en matière organique non ou mal décomposée et complètement lessivé, est très acide, et à un nouvel individu d'association appartenant au Caricetum curvulae. Le sol étant totalement lessivé, les choses ne peuvent aller plus loin, et l'on est en présence d'un état d'équilibre entre le climat, la végétation et le sol, qui doit se maintenir aussi longtemps qu'existent les conditions dont il dépend, à moins qu'un accident remette la roche mère à nu. On nomme respectivement [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marcel GUINOCHET : professeur honoraire de l'université de Paris-Sud, Orsay
Classification
Médias
Autres références
-
ALCALOÏDES
- Écrit par Jacques E. POISSON
- 5 686 mots
- 5 médias
C'est au début du xixe siècle que les chimistes se sont aperçus que les plantes renferment des substances à réaction alcaline (jusque-là, seuls des produits acides ou neutres avaient été caractérisés), mises en évidence à l'aide de colorants naturels (tournesol, sirop de violette).... -
ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES
- Écrit par René LAFONT et Martine MAÏBECHE
- 4 312 mots
S' alimenter de matière organique d'origine végétale s'accompagne d'adaptations anatomiques, physiologiques et comportementales, comme la capacité de surmonter les défenses physiques et chimiques des plantes. Au sein des phytophages, certains animaux vont présenter une spécialisation plus ou moins... -
BIODÉPOLLUTION
- Écrit par Sylvain CHAILLOU et Jérôme COMBRISSON
- 3 000 mots
Les plantes peuvent également participer à la biodépollution des sols, méthode appelée phytoremédiation. Les polluants organiques sont en effet plus facilement dégradés dans la rhizosphère (volume de sol au voisinage immédiat des racines) que dans le reste du sol, car les micro-organismes y sont beaucoup... -
BIODIVERSITÉ URBAINE
- Écrit par Philippe CLERGEAU
- 2 378 mots
Les études consacrées aux plantes et/ou aux animaux dans la ville sont relativement récentes puisque les plus anciennes datent du début du xxe siècle. Les premiers inventaires ont concerné les végétaux, puis ce sont les oiseaux qui ont fait l'objet d'observations et d'analyses. Ce n'est qu'à partir... - Afficher les 58 références