VELÁZQUEZ DIEGO (1599-1660)
Un nouvel apprentissage
Son installation à Madrid change radicalement le cours de sa carrière : désormais Velázquez travaille uniquement pour le roi et pour quelques courtisans amateurs. Les bodegones sont abandonnés, le portrait domine, et, à côté de quelques sujets religieux d'une belle portée spirituelle, apparaissent des scènes historiques et mythologiques. Les collections royales, déjà très riches, lui permettent d'étudier les œuvres de la Renaissance italienne – Titien en premier lieu – et des Flandres. Ses premiers portraits (Philippe IV en pied, Prado, Madrid, ou Le Comte-Duc d'Olivares, Hispanic Society, New York) reprennent le type du portrait de cour établi par Titien mais gardent encore un traitement un peu brutal de l'espace et de la lumière. De nombreuses reprises, que les restaurations ont fait apparaître, témoignent de la rapidité du peintre à maîtriser la pose de ses modèles, de l'adoucissement de l'éclairage et de l'enrichissement de sa palette. Le second séjour de Rubens à Madrid en 1628 est d'une importance capitale pour Velázquez : l'influence du maître flamand se note dans la souplesse de la touche, la gamme plus vive des coloris et le modelé des chairs (Triomphe de Bacchus, Prado, ou Philippe IV, Ringling Museum of Art, Sarasota). Rubens dut sans doute l'encourager à entreprendre le voyage d'Italie, rarement accompli par les artistes espagnols. Le roi lui fournit de nombreuses lettres de recommandation qui lui permirent de séjourner à Venise, où il copia La Cène de Tintoret, à Cento où il dut rencontrer Guerchin et surtout à Rome. Protégé par le cardinal Barberini et logé au Vatican, il dessina le Jugement dernier de Michel-Ange et les œuvres de Raphaël. Affirmé par Pacheco, ce talent pour le dessin ne s'appuie pour le moment sur aucune œuvre sûre, à la seule exception du Portrait du cardinal Borja (Académie de San Fernando, Madrid). Probablement peints à Rome, La Tunique de Joseph (Escorial) ou La Forge de Vulcain (Prado) montrent une maîtrise totale de la construction de l'espace et imposent les coloris clairs et l'expression des affetti (sentiments) selon les principes picturaux développés alors à Rome (Carrache, Dominiquin).
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Écrit par
- Véronique GERARD-POWELL : maître de conférences en histoire de l'art moderne à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Médias
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