VENDÉE

La Vendée est un territoire à géométrie variable. C'est un département des Pays de la Loire, d'une superficie de 6 720 kilomètres carrés pour une population estimée à 610 000 habitants en 2008, correspondant à la majeure partie de l'ancien Bas-Poitou. Mais ce département coïncide également pour partie avec la « Vendée insurgée » qui s'est soulevée contre la République en 1793. La zone d'insurrection s'étend bien au-delà des frontières départementales, puisqu'elle concerne également, du moins en partie, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire et les Deux-Sèvres, tout en ne recouvrant que partiellement la Vendée actuelle, la plaine au sud étant restée à l'écart du mouvement.

La Vendée est un territoire à l'identité politique forte, incarnée par la puissance tutélaire de Philippe de Villiers, président du conseil général et fondateur du Mouvement pour la France. La force du personnage est d'avoir su marier actions symboliques et marketing territorial, pour faire connaître au-delà des frontières régionales voire nationales cet « esprit vendéen » qui serait constitué, selon ses promoteurs, d'un mélange de traditions et de modernité, grâce à des opérations emblématiques comme le Vendée Globe (voile), l'accueil fréquent du départ du Tour de France cycliste ou le Puy du Fou. Ce parc d'attractions, avec son spectacle nocturne, est le témoin d'une (ré)appropriation de l'histoire de la « Vendée insurgée » par le courant politique conservateur créé par Philippe de Villiers.

Les réalités économiques et sociales contemporaines ont profondément transformé la Vendée. Comme le reste du pays, mais sans doute avec une vigueur accrue due à l'immobilisme antérieur, ce territoire s'est considérablement modernisé depuis les années 1960. L'agriculture est entrée de plain-pied dans le productivisme, à l'instigation notamment de mouvements comme la Jeunesse agricole chrétienne. Parallèlement, un processus accéléré d'industrialisation s'est mis en marche. Les points forts de l'industrie vendéenne sont l'agroalimentaire, le meuble, la construction de bateaux de plaisance ou encore la fabrication de mobile-homes. Par ailleurs, une partie de l'appareil productif vendéen tend à devenir une composante du système métropolitain nantais, avec le développement de la sous-traitance au profit des grands donneurs d'ordre industriels de la basse Loire. Enfin, une « touristification » massive du littoral est en mouvement depuis la seconde moitié du xx^e siècle, qui place la Vendée au deuxième rang en France pour les capacités d'accueil.

Toutefois, malgré l'ampleur des changements opérés, le peuplement et les structures sociopolitiques sont stables. D'une part, le peuplement demeure fondamentalement adossé à un semis urbain dominé par une myriade de petites villes et des densités rurales élevées (55 p. 100 de la population vit dans l'espace à dominante rurale en 1999). D'autre part, la Vendée se distingue par la permanence d'un vote politique parmi les plus conservateurs de France.

Au-delà de ce tableau général, la Vendée est composite. Déjà, au début du xx^e siècle, on opposait une Vendée blanche du bocage, cléricale et conservatrice, et une Vendée bleue de la plaine et du Marais poitevin, républicaine et radicale. Aujourd'hui, quatre zones peuvent être identifiées.

La Vendée « industrielle », qui concerne le nord du département, et plus particulièrement le nord-est, est un pays de bocage correspondant à la terminaison sud du Massif armoricain. Cet ensemble appartient au système industriel du Choletais, au développement endogène remarquable depuis les années 1960. Les structures territoriales sont caractérisées par une industrialisation dense et diffuse qui irrigue de nombreuses communes,[...]