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VENDREDI SAINT

Fête chrétienne mobile, le vendredi saint est le vendredi qui précède Pâques ; il correspond, selon ce qui est rapporté par les Évangiles, au jour de la crucifixion et de la mort de Jésus. Depuis le début de l'ère chrétienne, il est considéré comme une journée d'affliction, de pénitence et de jeûne, une caractéristique qui transparaît dans sa désignation allemande de Karfreitag (« Vendredi triste », de l'ancien haut-allemand kara, « chagrin, souci, tristesse »).

Selon le comput judaïque, Jésus serait mort le 15 nissan, premier jour de Pessah (la Pâque juive) ; dans le calendrier grégorien, cette date correspond au 7 avril. Les chrétiens ne commémorent cependant pas la crucifixion à date fixe. La détermination de ce jour, dépend de la Pâque juive, qui obéit au calendrier hébreu, luni-solaire, et non au calendrier grégorien, solaire. En effet l'épisode de la Cène, dernier repas de Jésus avec ses disciples le soir précédant sa crucifixion, avait été identifié au Seder, repas de la veillée de la Pâque juive. Même si cette chronologie reste discutée, elle régit toujours le calcul des dates du vendredi saint et de Pâques. Le vendredi saint est ainsi célébré deux jours avant Pâques, soit dans une période allant du 20 mars, premier jour possible de Pessah, au 23 avril.

La question de savoir s'il fallait commémorer la mort et la résurrection du Christ, et, si oui, à quelle date, a déclenché une importante controverse au début de l'ère chrétienne ; elle fut en principe tranchée par le concile de Nicée en 325. Jusqu'au ive siècle, la Cène, la passion de Jésus et sa résurrection étaient célébrées lors d'une seule et unique cérémonie ; notamment, les chrétiens d'Orient retenaient pour ce jour la veillée pascale juive, le 14 nissan. Par la suite, ces commémorations furent dissociées ; le dimanche de Pâques, coïncidant avec la résurrection du Christ, fut peu à peu considéré comme l'événement central.

La liturgie du vendredi saint a aussi évolué au fil des siècles. L'Église catholique n'instaura la messe du vendredi saint qu'à la toute fin du Moyen Âge. Il était prévu que seul le prêtre officiant reçût l'eucharistie. Depuis une réforme de 1955, la liturgie du vendredi saint consiste en une lecture du récit de la Passion du Christ, une adoration de la croix et une communion désormais adressée à tous les fidèles.

Au xviie siècle, après un séisme survenu au Pérou, les jésuites introduisirent dans la liturgie un « service de trois heures », prière de méditation sur les sept dernières paroles du Christ en croix. Ce service religieux a lieu de midi à 15 heures. Des célébrations analogues sont suivies par la tradition orthodoxe, sans eucharistie.

Dans le rite anglican, lePrayer Bookprévoit une célébration particulière de l'eucharistie. Le service de trois heures s'est répandu dans les églises d'Amérique du Nord, et divers services liturgiques ont lieu pour le vendredi saint dans les autres Églises protestantes. Avec le renouveau liturgique qu'ont connu ces Églises dans la seconde moitié du xxe siècle, certaines d'entre elles ont même eu tendance à emprunter au rite catholique (proscription de l'orgue, voile de deuil sur la croix, autel dépouillé de ses ornements, etc.).

Contrairement aux fêtes de Noël et de Pâques, qui sont associées à de nombreuses traditions païennes, le vendredi saint n'a, en raison de sa forte connotation religieuse, donné lieu à aucune de ces assimilations.

— Hans J. HILLERBRAND

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Écrit par

  • : professeur d'histoire des religions à l'université Duke de Durham (Caroline du Nord)

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