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VENINS

Envenimations

Dans le monde, chaque année quelque cinq millions de morsures de serpents et plus d'un million de piqûres de scorpions sont recensées. Elles entraînent, respectivement, 125 000 et 3 000 décès. Les piqûres d'abeilles et de guêpes sont dangereuses pour l'homme plus en raison du risque de choc allergique que de la puissance des toxines de leurs venins. Toutefois, de multiples piqûres peuvent entraîner un véritable syndrome toxique d'envenimation.

Les envenimations se traduisent par un ensemble de symptômes de nature et d'intensité très variables mais d'apparition rapide. Piqûres et morsures venimeuses sont habituellement très douloureuses. L'inflammation locale, fréquente, s'accompagne généralement d'un œdème plus ou moins extensif. Des signes généraux tels qu'une fièvre ou une hyperleucocytose (augmentation des globules blancs sanguins), ou encore des troubles cardio-vasculaires (chute de la pression artérielle) peuvent également apparaître. Toutefois, les signes physiques locaux sont modérés, voire absents, dans certaines envenimations neurotoxiques (scorpions).

Certains venins de scorpions, d'araignées et de poissons provoquent des nécroses locales, souvent aggravées par certaines pratiques intempestives à proscrire (incision, garrot, application de topiques). La sanction peut en être chirurgicale (amputation).

Les envenimations neurotoxiques évoluent généralement plus rapidement que les autres et ne mettent généralement plus en jeu le pronostic vital au-delà des vingt-quatre heures qui suivent le début de l'envenimation. Elles se traduisent par des troubles sensitifs et moteurs du membre atteint (fourmillements, picotements, frissons, sueurs). Après morsure d'un serpent au venin neurotoxique ( cobra, mamba, bungare, micrure), ces signes sont suivis d'une atteinte systémique parétique (paralysie incomplète) puis paralytique des muscles moteurs qui débutent au niveau de la face (ptosis ou chute des paupières, changement du timbre de la voix, dysphagie, troubles de l'audition, de la vision et du goût) et s'étendent à l'ensemble du corps. La paralysie respiratoire entraîne l'asphyxie et la mort. On observe fréquemment, après la morsure d'un cobra, un syndrome d'hypersécrétion (sialorrhée, hypersudation, encombrement bronchique et dyspnée, vomissements, diarrhée) parfois spectaculaire mais rarement mortel en lui-même.

Les envenimations de vipéridés qui entraînent fréquemment des troubles de la coagulation sanguine peuvent se manifester par des hémorragies en nappe spontanées externes (site de la morsure, muqueuses) ou internes. Ces dernières, redoutables, imposent une sérothérapie antivenimeuse. Le décès peut survenir en quelques heures par complication hémorragique (hémorragie intra-péritonéale, cérébrale, méningée) et rénale (insuffisance rénale aiguë), ou en quelques jours par hémorragies persistantes et insuffisance fonctionnelle polyviscérale.

Le traitement des envenimations est à la fois symptomatique et étiologique par immunothérapie passive antivenimeuse. Dans les envenimations graves, la neutralisation des composants toxiques du venin par injection d'antisérum spécifique est la méthode prioritaire et la plus efficace. Dans le cas des envenimations neurotoxiques, le risque de paralysie respiratoire peut imposer une ventilation assistée de plusieurs jours, jusqu'à ce que les toxines du venin soient neutralisées ou éliminées et que la paralysie disparaisse. Les envenimations hématologiques sont plus délicates à traiter. Elles ne peuvent réellement bénéficier d'une transfusion sanguine que si les toxines du venin sont neutralisées par un immun-sérum antivenimeux spécifique.

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Écrit par

  • : directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement
  • : attaché honoraire au Muséum national d'histoire naturelle, Paris

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Médias

Scorpion - crédits : Tim Flach/ Getty Images

Scorpion

Vipère aspic - crédits : G. Roli/ De Agostini/ Getty Images

Vipère aspic

Serpent à sonnette - crédits : Paul Chesley/ Stone/ Getty Images

Serpent à sonnette

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