VENISE
La Vénétie, un foyer culturel essentiel
Située à l'extrémité nord-est de la péninsule italienne, la Vénétie est formée actuellement de trois régions : la Vénétie Euganéenne, le Frioul-Vénétie Julienne, la Vénétie Tridentine ; elle est subdivisée en douze provinces. C'est une région très variée, qui comprend une vaste zone montagneuse, dont font partie les Dolomites, une zone médiane de campagnes vallonnées et fertiles, et une large bande côtière, qui devait favoriser sa vocation maritime. Elle tire son nom des Vénètes, peuples illyriens venus de l'est, par terre et par mer. À l'époque d'Auguste, Rome en fit la Xe regio ; les monuments d'Aquileia, les arènes de Vérone et de Pula sont des témoignages de cette romanité à laquelle la Vénétie demeura attachée pendant les invasions des Barbares qui en détruisirent l'unité, mais qui sont à l'origine de son destin aventureux. Venise naît en tant qu'héritière de Ravenne, apparemment soumise à l'Empire byzantin. Mais ses rapports commerciaux et culturels avec l'empire d'Orient deviendront très étroits et conduiront à la conquête d'un véritable pont, constitué par la côte dalmate et par quelques îles grecques. Avec la chute de Constantinople – tombée aux mains des Turcs en 1453 –, ce vaste domaine allait s'affaiblir et connaître la décadence, mais il permit à Venise, pendant plusieurs siècles, de remplir son rôle d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident. Dès le xive siècle, Venise avait commencé la conquête des seigneuries du continent, de sorte que des villes comme Padoue et Vérone offriront de nouveaux apports à sa tradition culturelle. Au xvie siècle, elle est de plus en plus mêlée aux événements complexes de l'histoire italienne. Cependant, même au cours des luttes féroces entre puissances européennes pour la suprématie en Italie, aux xviie et xviiie siècles, la république de Venise – qui avait lentement perdu la maîtrise des mers malgré sa résistance héroïque contre les Turcs – reste indépendant et contrôle la région. Si, depuis qu'elle a acquis son autonomie à l'égard de Byzance, la tradition artistique de Venise présente une continuité exceptionnelle, la vitalité politique et économique de la République s'épuise peu à peu à la fin du xviiie siècle, malgré le faste qu'elle déploie. La cession de Venise à l'Autriche par Napoléon (1797) a lieu sans résistance. Pendant l'occupation autrichienne, le néo-classicisme révèle encore quelques liens avec la tradition de la Vénétie. Après la guerre de 1866, puis celle de 1914-1918, la Vénétie fait partie intégrante de l'État italien.
Venise et Byzance
Les invasions déterminèrent la chute de l'Empire romain d'Occident, et l'établissement des Barbares en Italie provoqua l'émiettement de l'unité de la Péninsule. En Vénétie, l'établissement des Longobards eut des conséquences importantes. Tandis que Cividale, capitale du duché, devient un centre de culture barbare, Byzance continue de dominer les côtes, jusqu'à ce que l'exarchat de Ravenne tombe, en 752, sous les coups des Longobards. Les populations des centres romains de la côte, qui s'étaient réfugiées temporairement dans les îles de la lagune, s'y installent. Elles vont faire naître une cité et une puissance nouvelles. Mais la ville se considère comme l'héritière de Ravenne et l'imite en maints domaines : la structure des édifices et leur décor de mosaïques, le faste des cérémonies civiles et le culte des saints. Si des ateliers byzantins de mosaïstes et de maîtres d'œuvre travaillent dans les basiliques du patriarcat au viie siècle, bientôt des artistes italiens acquièrent la maîtrise de leurs techniques et de leur style. Unique par sa situation[...]
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Écrit par
- Anna PALLUCCHINI : directeur au Centre international d'éducation artistique, U.N.E.S.C.O.
- Michel ROUX : professeur émérite
- Freddy THIRIET : professeur à l'université de Strasbourg
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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