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CHYTILOVA VERA (1929-2014)

Vera Chytilova est l'une des meilleures représentantes de ce que l'on a appelé, au début des années 1960, le « jeune cinéma » tchèque.

Vera Chytilova est née le 2 février 1929 à Ostrava (Tchécoslovaquie, aujourd’hui République tchèque). Successivement étudiante en architecture, mannequin, dessinatrice technique, elle devient script-girl puis assistante (de Milos Makovec) avant de suivre pendant cinq ans les cours de cinéma de l'École des beaux-arts de Prague. Elle y réalise ses premiers films, plusieurs courts métrages et un moyen métrage, Le Plafond (Strop, 1962), dont le sujet (une femme à la recherche d'elle-même) comme le ton ne sont pas sans évoquer le Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda.

En 1963 sort son premier long métrage, Quelque chose d'autre (O necemjinem), sans conteste l'un des films les plus originaux et les plus réellement modernes de ceux que produit alors l'« école de Prague ». Deux personnages de femmes, Vera, l'épouse oisive qui attend « l'aventure », et Eva, la gymnaste vieillissante qui trouve une nouvelle raison de vivre dans l'enseignement de la gymnastique, sont les protagonistes du film qui unit et oppose, en un savant montage alterné, l'itinéraire de l'une et de l'autre : la futilité désespérée de la petite-bourgeoise et la fuite en avant dans le travail de la sportive. Le pessimisme profond de ce premier film est confirmé, paradoxalement, par le suivant, Les Petites Marguerites (SedmiKrasky, 1966). C'est une sorte de fable sans moralité qui conte sur le mode violemment burlesque les aventures dérisoires de deux « petites filles du siècle » à l'époque du Printemps de Prague. Magnifiquement servi par les effets optiques et par la qualité de la prise d'image de Jan Kučera (mari de Chytilova), le film fut très admiré par la critique. Vera Chytilova a encore le temps de réaliser Les Fruits du paradis (OvocestromůragskÿchJime, 1969). Mais la période de durcissement politique qui suit le Printemps de Prague l'empêche pendant longtemps de filmer. En 1978, elle revient derrière la caméra, d'abord pour un documentaire, Le temps est impitoyable (Cas je neúprosny), puis des fictions, trop critiques pour ne pas rencontrer de gros problèmes de distribution : Panelstory (1979), La Calamité (Kalamita, 1980). Par la suite, sa carrière retrouve un cours normal, marqué notamment par L'Après-midi d'un vieux faune (Faunovovelmipozdniodpoledne, 1985), Pièges, petits pièges (Pasti, pasti, pastičcky, 1998), Chassé du paradis (Vyhnani z raje, 2001), ainsi que par un documentaire : Prague, cœur inquiétant de l’Europe (1984).

Vera Chytilova est morte le 12 mars 2014 à Prague.

— Jean-Louis COMOLLI

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