VERGOBRETUS
Propre à la civilisation celtique, le mot vergobretus est attesté par César dans son récit de la guerre des Gaules, par une glose d'Isidore de Séville, par une inscription gallo-romaine de Saintes et par une légende monétaire sur des bronzes des Lexoviens.
Le témoignage fondamental est celui du De bello gallico : « César, ayant convoqué les principaux d'entre eux [les Éduens], dont un grand nombre se trouvait dans le camp, et parmi eux Diviciacus et Liscus, présidant à la magistrature suprême, appelée vergobretus par les Éduens, qui est annuelle et donne sur les siens le pouvoir de vie et de mort. » (vi, 16.) — « Les principaux des Éduens vinrent en députation vers lui, le priant de venir au secours de leur cité à un moment particulièrement grave : « La situation était très grave, parce que leur ancienne coutume était de nommer un seul magistrat qui recevait le pouvoir royal pendant un an et que maintenant deux hommes étaient revêtus de cette charge, chacun prétendant se voir nommé légalement. » (vii, 32.)
On a pensé que vergobretus était le nom d'un magistrat et que les Éduens étaient gouvernés annuellement par deux « vergobrets ». Mais cette opinion commune repose sur une ambiguïté du texte de César. Il semble en réalité que vergobretus soit le nom de la magistrature et que cette magistrature ait été confiée à un titulaire unique.
César la définit comme étant l'exercice d'une regia potestas, « pouvoir royal », dont l'accès était électif sous le contrôle des prêtres (sacerdotes ou, plus exactement, druides), ce qui recoupe le principe de l'élection royale irlandaise. Le vergobretus était donc l'essence du pouvoir temporel adapté à la disparition rapide de la royauté en Gaule au ~ ier siècle. La marque de ce pouvoir temporel était le droit de vie et de mort (potestas vitæ necisque), mais le titulaire de la magistrature était, comme le roi d'Irlande, soumis à des interdits : nous en avons la trace dans le fait, dont nous informe César, qu'il ne pouvait quitter le territoire éduen.
L'étymologie confirme le « droit de vie et de mort » : vergo- est apparenté à l'irlandais ferg, « colère », et bretu- l'est aussi à l'irlandais breth, « jugement, sentence, décision ».
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Écrit par
- Christian-Joseph GUYONVARC'H : professeur de celtique à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
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