VERNALISATION
On réunit sous le nom de vernalisation les processus physiologiques exigés par certaines plantes pour assurer le déroulement d'étapes préparatoires et indispensables à la mise à fleur, processus qui requièrent une durée assez prolongée (de quelques jours à quelques mois) de températures fraîches. Si le concept de vernalisation a été d'abord appliqué aux plantes bisannuelles par opposition aux plantes annuelles, il fut ensuite retenu pour un nombre important de plantes herbacées vivaces puis pour des arbrisseaux et des arbres. Si divers que soient les processus de la vernalisation, elle a du moins une signification écophysiologique pratique : une durée suffisante d'une réfrigération appropriée supprime les obstacles que rencontre l'initiation florale de plantes qui ne peuvent pas ou ne peuvent guère parvenir à celle-ci aux températures tièdes et normales. Il ne faut pas confondre « vernalisation » et « levée de dormance » : toutes deux sont accomplies par les mêmes températures fraîches, mais la première concerne la mise à fleur par le froid, la seconde concerne la reprise de croissance des organes dormants, déjà réalisée en miniature à des températures plus élevées.
Mise en évidence
Le rôle du froid vernalisant chez certaines plantes était connu des agriculteurs depuis l'Antiquité : tous ceux des pays tempérés connaissaient des céréales d'hiver qu'il faut semer vers la mi-automne pour que, germées, elles subissent les frimas ; après quoi, elles montent en épis ou panicules et sont récoltées au seuil de l'été. Faute de cette exposition au climat hivernal, elles resteraient à l'état de gazon. Elles sont ainsi bisannuelles (cycle accompli sur deux années du calendrier). Au contraire, les céréales de printemps, semées à la fin des mois de mars et d'avril, sont récoltées l'année même, dans la période de juin à juillet.
En 1918, G. Z. Gassner (Allemagne) détermina les besoins de froid chez des plantes qu'on croyait alors n'être que bisannuelles ou annuelles d'hiver et dont la plupart sont en rosette avant le froid (betteraves, carottes, digitales, par exemple). Vers 1928, T. G. Lyssenko (U.R.S.S.) montra que, chez certaines de ces plantes bisannuelles, surtout les céréales d'hiver, les effets du froid s'exerçaient sur les grains préalablement humidifiés ; ces effets se conservaient après la dessiccation de ces grains, il était possible de semer les grains traités au printemps afin d'obtenir des plantes annuelles à courte durée de développement. Les noms de jarovisation (russe), printanisation et finalement vernalisation donnés à ce procédé furent étendus à toutes les actions similaires du froid. Les conditions et le déroulement de la vernalisation furent précisés, surtout, de 1936 à 1950 environ, par F. G. Gregory et O. N. Purvis (Londres) ainsi que par G. Melchers et A. Lang (Tübingen), puis par A. Lang (États-Unis), chacun comparant un couple de plantes, l'une exigeant la vernalisation, l'autre étant son mutant annuel : le seigle Petkus chez qui le photopériodisme n'a qu'un rôle subtil, et la jusquiame noire (Hyoscyamus niger) où l'héméropériodisme est indispensable après la vernalisation ; ces auteurs ont aussi étudié des cas exceptionnels de transfert par greffage de l'état vernalisé.
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Écrit par
- Pierre CHOUARD : professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris
- Claude PICARD : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Média
Autres références
-
FLEUR
- Écrit par Louis EMBERGER , Michel FAVRE-DUCHARTRE , Georges MANGENOT et Paul ROLLIN
- 7 638 mots
- 8 médias
Pour de nombreux végétaux, les facteurs déterminant l'induction florale n'auront aucun effet même si les bourgeons ont atteint leur maturité : ils doivent auparavant être soumis à des températures basses ; c'est le phénomène de la vernalisation.