VERSAILLES ET SON CHÂTEAU
En marge de Versailles
À côté de ce château « étranglé » entre les deux ailes qui sont le siège du gouvernement, de nombreuses annexes répondent à d'autres fonctions, dépendantes du centre. Ce sont les Petites et les Grandes Écuries (1679-1685), écoles des pages pour toute la noblesse du royaume, une Orangerie due à Mansart (1684-1686), célèbre pour son gigantisme et son organisation, le Grand Commun construit par Mansart entre 1678 et 1682 (on y trouve les principaux services : paneterie, échansonnerie, cuisine, fruiterie), les offices de la Bouche du Roi où se préparent les plats servis à la table du souverain, quelques ensembles de divertissement, la Petite Venise, la ménagerie de Le Vau en 1662 – sous Louis XV, le Pavillon français de Gabriel, dédié au repos et à la musique, où un jeu complexe de miroirs déroute le visiteur. Le potager, administré sous Louis XIV par La Quintinie, a été reconstitué de nos jours : il servait moins à pourvoir la table du roi que comme laboratoire, où furent acclimatées et créées de nouvelles espèces. Si l'Opéra, salle à la française construite par Gabriel, Bélanger et De Wailly, ne date que de 1768-1770, la musique est depuis longtemps omniprésente à Versailles. On y a entendu les violons de Lully sous Louis XIV ; en 1764, Mozart, âgé de huit ans, jouait devant Louis XV et Marie Leczinska. À côté des spectacles officiels, Marie-Antoinette pratique la musique en petit comité, parfois dans sa chambre.
Il faut enfin imaginer, dès Louis XIV, le palais comme un ensemble qui vit, populaire, avec les « baraques » en planches, constructions provisoires abritant divers commerces. Ces marges trahissent en fait, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, la même volonté de domination. Malgré les « garçons bleus », valets sur lesquels règne Bontemps, premier valet de chambre de Louis XIV et l'un des hommes les mieux informés de son temps, on vole le roi lui-même – on retrouve découpées les franges d'or des rideaux de sa chambre. Derrière les espaces publics, une circulation « privée » est toujours possible. Sous Marie-Antoinette, deux portes sous tenture dans la chambre de la reine ouvrent vers d'inaccessibles cabinets intérieurs : quinze petites pièces pour la vie privée.
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Écrit par
- Adrien GOETZ : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Médias