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VERSAILLES ET SON CHÂTEAU

Versailles après 1789

<it>Ouverture des États généraux, 5 mai 1789</it>, A. Couder - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Ouverture des États généraux, 5 mai 1789, A. Couder

Avec la Révolution, qui commence en grande pompe à Versailles par la cérémonie d'ouverture des États généraux, se termine la mécanique de cour qui faisait vivre le palais et la cité. Du coup, dans les années qui suivent, il est difficile de donner un sens au symbole de l'ancienne « tyrannie ». Lieu exécré et excentré, Versailles échappa, faute de crédits, aux démolisseurs en bonnet rouge. Le mobilier, mis à l'encan, passa essentiellement dans les collections anglaises, privant la France d'un ensemble qui se retrouve aujourd'hui dans les grandes demeures britanniques ou à la Wallace Collection – dont les statuts très stricts interdisent l'hypothèse de tout retour à Versailles de pièces dont la provenance est par ailleurs bien établie. Versailles, dans le même temps, est mythifié, des légendes courent sur ses splendeurs perdues. Le parc, non entretenu, est rapidement méconnaissable. En 1801, Napoléon tente d'établir dans le château, qu'il n'eut jamais l'idée d'habiter, un éphémère musée spécial de l'École française. Le palais est sauvé mais vide.

Symboliquement, le nouveau dynaste offre le domaine à sa mère, qui s'installe un temps au Grand Trianon et fait aménager des appartements qui existent encore. Puis, Marie-Louise d'Autriche, seconde épouse de Napoléon, mais nièce de Marie-Antoinette, s'y établit : Versailles fut ainsi l'éphémère Malmaison de Marie-Louise, comme Malmaison avait été, pour Joséphine de Beauharnais, le Trianon du Consulat. Au xixe siècle, le Louvre est achevé. Le pouvoir s'établit jusqu'à la Commune aux Tuileries, cet anti-Versailles que Napoléon jugeait « triste comme la grandeur ».

Louis-Philippe, soucieux de réconciliation nationale, fait de Versailles un musée historique dédié « à toutes les gloires de la France », depuis les croisades jusqu'à la Révolution et à l'Empire. Versailles devient ainsi un musée éclectique et historique, pour l'édification duquel on n'hésite pas à démolir des décors. La galerie des Batailles, réalisation de Fontaine et Nepveu (1836), composée de commandes de l'État ou de tableaux plus anciens, où s'alignent des toiles de Delacroix (Bataille à Taillebourg), de François Gérard (Austerlitz) ou d'Horace Vernet (Fontenoy), est le nouveau centre d'un château qui connaît un grand succès populaire et mondain. Dans la « salle de 1830 », Eugène Devéria a représenté le roi-citoyen prêtant serment. Les grandes familles suivent : les Noailles aménagent une galerie historique dans leur château de Maintenon. Mécénat et vie de cour revivent donc en ces lieux ; la comtesse de Boigne décrit dans ses Mémoires les fastes de l'inauguration : Louis-Philippe revêt un costume tiré des malles des comédiens-français et, pour un instant, le roi-citoyen, en perruque et rubans, ressemble à s'y méprendre au Louis XIV de Rigaud.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Médias

Versailles - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Versailles

Bassin de Latone, Versailles - crédits : Bryn Campbell/ The Image Bank/ Getty Images

Bassin de Latone, Versailles

Parterres de l'Orangerie du château de Versailles - crédits : Lyubov Timofeyeva/ Shutterstock

Parterres de l'Orangerie du château de Versailles