VERTÉBRÉS
Validité de la classification
Délimiter une classe par un seul caractère comme on l'a fait est un moyen commode, abrégé, mais la véritable définition ou la diagnose font appel au plus grand nombre possible de caractères ; sous ce rapport, les Mammifères sont favorisés puisque chez eux on trouve ces caractères, qui n'ont d'ailleurs pas tous le même pouvoir de décision, par dizaines, Ainsi :
– les glandes lactéales, l'articulation mandibulaire, le diaphragme existent chez tous les Mammifères sans exception et chez eux seuls ;
– les poils, la différenciation des dents, en incisives, canines, dents jugales, se trouvent aussi chez les seuls Mammifères, mais pas chez tous ;
– le palais osseux secondaire (dans le crâne) ne manque à aucun Mammifère mais est présent aussi chez les Crocodiles (où il a seulement la valeur d'un caractère d'ordre). Peut-on alors se demander si tel caractère est plus mammalien qu'un autre ? La question paraît n'avoir guère de sens, et pourtant elle se présente assez souvent dans la pratique : si un animal ne présente pas tous les caractères de la classe (définis, on le rappelle, sur les formes vivantes), quel nombre limite, minimal, doit-il en posséder pour être encore un Mammifère ? C'est la question que posent les formes fossiles, intermédiaires, dans la série menant des Reptiles aux Mammifères.
Le squelette apporte une quantité considérable d'informations : d'abord sur l'allure générale de son propriétaire et, partant, sur certains éléments de son activité vitale (la présence de dents est très significative) ; les traces d'insertions, musculaires ou tendineuses, permettent une reconstruction, partielle, de la musculature ; le modelé intérieur de la boîte crânienne restitue, par moulage, l'aspect externe de l'encéphale puisqu'il remplit exactement cette boîte (comme il le fait aussi chez les Oiseaux) ; chez certains des êtres de la série reptilio-mammalienne, au Trias, des orifices pour le passage de nerfs et vaisseaux, des dépressions sur certains os crâniens font soupçonner l'existence d'une musculature faciale, de glandes cutanées, peut-être même de poils, tous bons caractères exclusivement mammaliens qui s'ajoutent à ceux de la construction générale du crâne ; la mandibule est en train de changer de type d'articulation ; le contour de la cage thoracique suggère l'existence d'un diaphragme et donc l'apparition d'un mécanisme respiratoire mammalien. Allant plus loin encore dans la déduction grâce à d'autres indices, on vient à penser que l'homéothermie s'établissait. Que sont alors ces êtres ? des intermédiaires normaux d'une évolution d'une classe vers une autre ; mais où les placer, encore chez les Reptiles ou déjà chez les Mammifères ? La question, chaudement discutée, n'a pas de solution. Dans le flux continu d'une évolution, il ne peut y avoir de barrière séparant une classe d'une autre, donc ces êtres mosaïques ne peuvent trouver une place satisfaisante dans les cadres de divisions taxinomiques établies à l'origine dans une optique fixiste (classification linnéenne) ; c'est seulement parce que ces formes de passage ont disparu que Reptiles et Mammifères sont maintenant bien séparés et, par là, bien définis.
Ce problème d'insertion de formes intermédiaires doit nécessairement se retrouver à tous les niveaux parmi les Vertébrés, mais jamais il n'est fondé sur une documentation aussi riche que celle de l'histoire des Mammifères. Poussant plus loin encore, on arriverait à la question de l'origine même des Vertébrés : à partir de quelle organisation structurale des animaux ont-ils cessé d'être des Invertébrés pour devenir les premiers Vertébrés ? Les problèmes de systématique ne sont pas aussi simples qu'ils le paraissent.[...]
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Écrit par
- Charles DEVILLERS : professeur émérite à l'université de Paris-VII
- Philippe JANVIER : directeur de recherche émérite au CNRS
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