VERTÉBRÉS
Lignes directrices de l'évolution
La réussite évolutive des classes est fort variable. Celle des Agnathes est des plus modestes ; les Ostéichthyens, par contre, ont été, sont encore un ensemble florissant qui a su exploiter au maximum, semble-t-il, les nombreuses possibilités de vie offertes par les eaux. Sans concurrents tétrapodes à leurs débuts, les Amphibiens n'ont réalisé pourtant qu'une diversification évolutive monotone. Rapidement (géologiquement parlant), ils se sont fait dominer, non éliminer, par les Reptiles, et c'est seulement vers la fin du Trias (200 Ma), lors de ce qu'on appelle la « petite extinction », que les Labyrinthodontes disparaissent avec une grande partie de la faune reptilienne. Dès le Permien (environ 280 Ma), les Reptiles établissent leur domination, quasi absolue, sur le monde des Tétrapodes et la maintiennent durant tout le Secondaire. Au cours de cet interminable règne (près de 200 Ma), ils occupent une multitude de biotopes interdits aux Amphibiens, sur terre, dans les eaux (marines en particulier), dans les airs. Pour des raisons parfaitement mystérieuses, la « grande extinction » de la fin du Crétacé (autour de 70-65 Ma) fauche des groupes entiers parmi les plus florissants et ne laisse qu'un échantillonnage restreint ; malgré leurs 7 500 espèces, les Reptiles vivants ne sont qu'un pauvre reste de ce qu'ils furent.
Avec la base du Tertiaire, au Paléocène (65 Ma), les Mammifères, jusqu'alors effacés, partent à la conquête de tous les biotopes, ou presque tous, précédemment occupés par les Reptiles, et, avec les Oiseaux, étendent l'occupation tétrapode jusque dans les régions circumpolaires. La radiation adaptative des Oiseaux, importante elle aussi, reste, dans son organisation structurale au moins, contenue dans de plus étroites limites que celle des Mammifères, cela comme conséquence des très strictes sujétions de la locomotion aérienne.
Ces radiations adaptatives, médiocres ou magnifiques, ces cycles d'ascension-dominance-déclin, relèvent de causes qu'il faut maintenant découvrir. L'analyse de quelques fonctionnements des Vertébrés en révèle ou en fait soupçonner quelques-unes.
Il y a des centaines de millions d'années, à une époque non encore précisée, parmi les multiples voies évolutives du monde dit des Invertébrés, l'une de ces voies s'ouvrit qui devait conduire vers les Cordés, puis vers les Vertébrés, dont les premiers représentants sont vraisemblablement apparus en milieu marin. On ne dispose pas des fossiles de cette histoire. Force est donc d'utiliser, avec les précautions qui s'imposent, les seules formes vivantes et, tirant d'elles le maximum d'information par l'anatomie et l'embryologie surtout, mais plus récemment aussi par la biochimie, d'aller à la découverte de quelques-uns des fils conducteurs de cette évolution cordée.
Les indications portant sur les tout premiers débuts sont trop ténues pour conduire à autre chose qu'à de la science-fiction : la considération de quelques formes larvaires fait assigner par certains auteurs une origine commune aux Cordés et aux Échinodermes ( !). Pourtant la lacune demeure immense entre les ultra-ancêtres et les Cordés, et c'est à l'intérieur de ces derniers qu'on limitera la recherche en utilisant ces structures typiques que sont les organes axiaux.
Le pharynx
Dilatation antérieure du tube digestif, le pharynx n'est pas rare chez les Invertébrés, mais celui des Cordés se caractérise par la percée, de chaque côté, d'ouvertures viscérales. Les battements ciliaires de l'épithélium pharyngien créent un courant d'eau qui, entrant par la bouche et s'échappant par les ouvertures, apporte l'oxygène pour la respiration et des particules pour la nutrition, dite microphagique. Dans la paroi du pharynx, entre les ouvertures,[...]
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Écrit par
- Charles DEVILLERS : professeur émérite à l'université de Paris-VII
- Philippe JANVIER : directeur de recherche émérite au CNRS
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