VICE-ROI
Le vice-roi (virrey) succède, au xvie siècle, au personnage encombrant qu'était le conquistador ; les velléités d'indépendance de ces grands aventuriers, les revendications de leurs fils, les guerres civiles du Pérou, le complot des fils de conquérants pour proclamer l'indépendance du Mexique, tout cela rendit nécessaire la création de la vice-royauté. Cette fonction devait permettre le contrôle des nouvelles et immenses possessions américaines.
Le vice-roi, représentant du roi d'Espagne, exerce des pouvoirs administratifs, judiciaires, économiques et militaires, pour assurer l'ordre et la défense des Indes de Castille. Omnipotent en théorie, il est étroitement surveillé par Madrid et limité par les pouvoirs locaux de ses administrés. Fonctionnaire, il est dépendant du pouvoir qui le nomme. Cette dépendance est une garantie contre les ambitieux. Le vice-roi est toujours étranger à la province qu'il gouverne et il est fréquemment muté ; on évite ainsi qu'il ne s'enracine et n'en vienne à défendre les intérêts locaux contre ceux de la Couronne. Contrôlé par les assemblées locales, par l'audiencia en particulier, il est soumis à la visite d'agents royaux et, avant d'abandonner son poste, il doit rester sur place en attendant les résultats d'un examen judiciaire, enquête approfondie sur la gestion de son vice-royaume.
De toute manière, son autorité s'exerce sur des territoires trop vastes et il doit la déléguer à des gouverneurs et à des corregidores jusqu'au milieu du xviiie siècle, à des intendants ensuite. Jusqu'au début du xviiie siècle, il n'y avait que deux vice-rois, un à Mexico depuis 1535 (royaume de Nouvelle-Espagne), un autre à Lima (royaume du Pérou) depuis 1543. Entre 1717 et 1739 furent créées la vice-royauté de Terre-Ferme et celle de Nouvelle-Grenade, en 1776 celle du Río de la Plata. Espagnols d'Espagne dans une majorité écrasante, les vice-rois parcouraient tout l'empire au cours de leur carrière, débutant, par exemple, aux Philippines, passant par Lima et Mexico pour finir leur carrière à Naples. Mis à la retraite, ils rejoignaient le Conseil des Indes.
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
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