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COUSIN VICTOR (1792-1867)

Fils d'un ouvrier joaillier, Victor Cousin, après de brillantes études secondaires au lycée Charlemagne, entre, en 1810, à l'École normale supérieure, où il subit l'influence durable de Pierre Laromiguière ; celui-ci l'initia à la pensée de Locke et de Condillac, lui apportant la révélation et le goût de la philosophie qu'on n'enseignait pour ainsi dire pas à cette époque dans les lycées impériaux. En 1813, âgé de vingt et un ans, il est chargé de conférences de philosophie à l'École normale. Il est alors marqué par Royer-Collard, chef politique des doctrinaires et spécialiste de la philosophie écossaise ; en 1815, Cousin devient son assistant à la faculté des lettres. Après quelques mois d'enseignement, il entreprend un voyage en Allemagne afin d'y rencontrer les philosophes contemporains : Hegel, Schelling, Jacobi. Le projet lui en est venu en grande partie sous l'influence de Maine de Biran, qui l'avait notamment incité à lire Kant et avait attiré son attention sur l'importance de la philosophie allemande. À Heidelberg, en 1817, Cousin rencontre Hegel, et le jeune Français en pressent le génie particulier. En 1818, à Munich, il passe un mois en compagnie de Schelling et de Jacobi. Sans doute, ces contacts l'inclinent-ils à cet éclectisme qui deviendra bientôt la caractéristique de sa pensée.

En 1820, au moment de la réaction qui suivit l'assassinat du duc de Berry, Cousin, en raison de ses idées libérales, est privé de son poste d'assistant à la faculté des lettres. En 1822, l'École normale supérieure est fermée. C'est alors qu'il entreprend ses grandes éditions de Proclus et de Descartes, suivies, plus tard, par celles d'Abélard et de Maine de Biran, ainsi que sa traduction des œuvres de Platon. Lors d'un nouveau voyage en Allemagne, en 1824, il est arrêté à Dresde pour un motif politique et passe environ six mois en prison à Berlin ; pendant cette période, il lit Kant, Fichte, Jacobi et écrit ses Fragments philosophiques (1826). Libéré grâce aux interventions de Hegel, il revient en France, où cette aventure lui vaut beaucoup de sympathie dans le parti libéral. Le soutien de ce parti lui vaut, en 1828, une chaire d'histoire de la philosophie à la Sorbonne. Ainsi parvient-il au sommet de sa carrière proprement professorale.

Les principes de la révolution de Juillet coïncidant parfaitement avec les opinions politiques de Cousin, sa carrière s'en trouve favorisée : il est coup sur coup nommé conseiller d'État, membre du Conseil de l'instruction publique (1830), membre de l'Académie française (1831), membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1832), pair de France (1832), directeur de l'École normale (1834) et ministre de l'Instruction publique (1840) dans le gouvernement d'Adolphe Thiers, où il reste huit mois. C'est lui qui inspire alors la réforme de Guizot sur l'enseignement primaire (1833) : un voyage en Allemagne, en 1831, lui a fourni, en effet, l'occasion d'étudier le système scolaire de ce pays et de publier un Rapport sur l'état de l'instruction publique dans quelques pays de l'Allemagne et particulièrement en Prusse (1833). En 1844, sa controverse avec le parti catholique sur la laïcité de l'enseignement et l'enseignement de la philosophie est une nouvelle victoire, mais la dernière, car la révolution de 1848 met fin à sa carrière politique ; il est contraint, après le coup d'État de 1851, à prendre sa retraite. Il se livre alors à ses recherches philosophiques. L'idée fondamentale de Cousin, qui se caractérise par l'éclectisme, consiste à reprendre à chaque système philosophique ce qu'il a de plus valable. Néanmoins, ses critères restent vagues et sa pensée peu cohérente.

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