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DURUY VICTOR (1811-1894)

Entre Guizot et Jules Ferry, Victor Duruy a été un des grands organisateurs de l'instruction publique en France, avec plus de largeur de vue que le premier et moins de passion partisane que le second. Rien ne semblait le destiner à ces fonctions ministérielles. Né dans une famille d'artisans employés aux Gobelins (d'où peut-être son souci de la promotion ouvrière), élève de l'École normale supérieure, c'est un excellent professeur d'histoire, auteur de manuels appréciés et d'ouvrages divers, appelé, dès la monarchie de Juillet, à donner des leçons d'histoire aux fils de Louis-Philippe. La Vie de César qu'écrit Napoléon III met l'universitaire en contact avec le souverain qui apprécie son sérieux, son honnêteté, sa franchise, sa connaissance des problèmes et qui, après avoir accéléré sa promotion dans l'enseignement, l'appelle le 23 juin 1863 à la tête de l'Instruction publique, séparée de l'administration des cultes. Mal vu des catholiques, qu'il n'aime pas davantage, raillé à l'envi par les jeunes et brillants journalistes orléanistes qui lui reprochent un esprit courtisan et la gaucherie de son style, Duruy mène à bien une œuvre considérable : il développe l'enseignement primaire, qu'il aurait désiré gratuit et obligatoire, crée pour les ouvriers un enseignement postscolaire, introduit la gymnastique dans les lycées à des fins essentiellement patriotiques, veut malgré l'hostilité de l'Église répandre l'enseignement féminin, crée l'École pratique des hautes études, plus portée au travail sérieux que la trop éloquente Sorbonne, admet l'enseignement de l'homéopathie dans les cours libres de la même Sorbonne. On comprend que les républicains aient souvent redouté son action et que beaucoup pensent que peu de ministres ont autant fait pour secouer les routines de l'enseignement sans abaisser son niveau et en l'adaptant, dans tous ses éléments, aux besoins du monde moderne.

— Pierre GUIRAL

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