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PAZ ESTENSSORO VÍCTOR (1907-2001)

Fondateur puis chef de file durant quarante-huit ans du parti politique de la Révolution nationale, élu quatre fois président de la République, Víctor Paz Estenssoro est unanimement considéré comme la figure emblématique de la vie politique bolivienne du xxe siècle.

Né à Tarija, dans le sud de la Bolivie, le 2 octobre 1907, il devient bachelier à quinze ans et avocat à vingt ans ; il travaille d'abord au Bureau national des statistiques financières, puis au ministère de l'Économie à partir de 1929.

La guerre du Chaco (1932-1935), menée contre le Paraguay, l'amène, comme nombre de jeunes gens de sa génération, à un sentiment de révolte face à la vieille classe militaire et à l'oligarchie traditionnelle. En 1937, il renonce à son poste d'avocat au sein de l'entreprise minière Patiño et, fort de sa conviction que les structures du pays doivent changer en profondeur, se fait élire en 1938 député indépendant du département de Tarija. En 1939, il est président de la Banque minière et enseigne l'économie à l'université Mayor de San Andrés de La Paz. Nommé ministre de l'Économie du gouvernement Peñaranda le 12 juin 1940, il démissionne cinq jours plus tard quand il est seul à s'opposer à une dévaluation. Il travaille alors à la création de la nouvelle force politique qu'il porte en germe depuis la fin de la guerre, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (M.N.R.) officiellement fondé le 7 juin 1942. Ses membres s'illustrent en prenant la défense des mineurs de Catavi en décembre 1942. Leur alliance avec la loge militaire Radepa (Raison de la patrie) permet au major Villarroel de s'emparer du pouvoir en 1943. Paz est à nouveau ministre de l'Économie jusqu'à ce que le renversement et l'assassinat de Villarroel, le 21 juillet 1946, le contraignent à six ans d'exil.

C'est donc de Buenos Aires qu'il se présente aux élections du 6 mai 1951 et qu'il apprend sa victoire éclatante. Mais, dix jours plus tard, l'armée s'empare du pouvoir, interrompant le processus démocratique qui le menait à la présidence. En avril 1952 éclate, en réaction, une révolution dont le succès couronne à la fois la lutte acharnée des membres du comité révolutionnaire organisé sur place pour préserver la victoire du M.N.R. et celle des masses ouvrières. Paz, de retour dans son pays, est porté par la foule jusqu'au palais du gouvernement. Les transformations des quatre années suivantes sont spectaculaires : nationalisation des mines, redistribution des terres, abolition du servage, réforme éducative et extension du droit de vote à l'ensemble de la population. De 1956 à 1960, le M.N.R. reste au pouvoir, mais c'est Hernán Siles Zuazo qui occupe la présidence tandis que Paz est ambassadeur au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Réélu président en 1960, il poursuit son programme révolutionnaire et développe les infrastructures du pays.

Le 31 mai 1964, il triomphe pour la troisième fois à l'élection présidentielle. Mais son vice-président, le général Barrientos, met fin quelques mois plus tard, par un coup d'État, à ces douze années de gouvernement M.N.R. Il s'ensuit une phase de dictatures pendant laquelle Víctor Paz et sa famille obtiennent l'asile politique à Lima. De 1964 à 1971, les forces armées dirigent le pays, réprimant tout mouvement jugé subversif, dont celui d'Ernesto Che Guevara. Aucun retour n'est possible jusqu'à ce qu'en 1971 le Front populaire nationaliste du général Banzer au pouvoir intègre des dirigeants du M.N.R. Paz revient alors, mais un nouveau durcissement du régime le conduit à s'exiler au Paraguay en 1974.

L'année 1982 signe le retour à la démocratie en Bolivie, mais la crise économique dans laquelle le pays est plongé s'accentue. Le mandat de la coalition gouvernementale est[...]

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Écrit par

  • : agrégée d'espagnol, titulaire d'un doctorat d'études latino-américaines, maître de conférences à l'université de Paris-X-Nanterre

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Autres références

  • BOLIVIE

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    • 8 médias
    ...ayant participé à la guerre du Chaco, et des intellectuels. En avril 1952, un coup d'État qui engendre une insurrection populaire amène le chef du M.N.R., Victor Paz Estenssoro, aux commandes du pays. Les grandes réformes se succèdent rapidement – institution du suffrage universel, nationalisation...