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SERGE VICTOR (1890-1947)

De son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchich, Victor Serge est né le 30 décembre 1890 à Bruxelles, d'une famille russo-polonaise. Apprenti photographe, il fréquente les milieux anarchistes belges. Paris l'attire. Il s'y installe en 1909 et collabore à la revue L'Anarchie avant d'en prendre la direction. À l'époque, les bombes volent bas et les anarchistes comme ceux de la bande à Bonnot fascinent. Accusé d'avoir été leur inspirateur, Serge est arrêté en 1913 et condamné à cinq ans de réclusion et à cinq ans d'interdiction de séjour. Il recouvre la liberté en 1917 et s'installe à Barcelone, autre ville phare de la revendication révolutionnaire. C'est là qu'il prend le pseudonyme de Victor Serge dans la revue Tierra y libertad. En Russie, la révolution d'Octobre gronde. Serge veut en être. Il y parvient en janvier 1919. Naturalisé citoyen soviétique, Victor Serge va passer dix-sept ans en Russie. Il accomplit de nombreuses missions pour la IIIe Internationale communiste. Éditeur, écrivain, journaliste, cet intellectuel de premier plan informe régulièrement la presse communiste française sur la vie littéraire et culturelle en Russie, réflexions qui seront reprises dans Littérature et révolution en 1932.

Les choses changent dans la Russie soviétique. Dans la tête de Serge aussi. Dès 1925, il est membre de l'opposition regroupée autour de Trotski, et qui s'oppose à l'emprise de Staline. Exclu du parti communiste en 1928, il est arrêté une première fois. Il perd alors son travail et sa vie matérielle devient extrêmement difficile. Sa femme souffre de troubles psychiques. Au cours de cette période sombre, il se réfugie dans la littérature et écrit en français, entre 1929 et 1931, trois romans sur son expérience personnelle : Les Hommes dans la prison (1928), Naissance de notre force (1929-1930) et Ville conquise (1930-1931).

En mars 1933, après avoir demandé vainement à émigrer, il est condamné à trois ans de déportation dans l'Oural. En France, on parle désormais de « l'affaire Victor Serge ». Un Comité pour le rapatriement de Victor Serge est créé en 1933 autour de Magdeleine Marx, Georges Duhamel, Charles Vildrac, Georges Pioch, Léon Werth, Marcel Martinet et Henry Poulaille. L'intelligentsia française, très engagée en faveur de l'Union soviétique considérée comme le rempart de l'antifascisme, n'a que faire de ce détracteur. Il faudra la démarche d'un Romain Rolland auprès de Staline pour que Victor Serge puisse quitter l'U.R.S.S. en 1936.

Avec sa famille, il s'installe à Bruxelles puis à Paris, collabore à diverses revues. Parallèlement, ses relations avec Trotski s'enveniment. Il rompt ouvertement en décembre 1938 avec le fondateur de l'Armée rouge. Fuyant le nazisme, il quitte Paris avec son fils le 10 juin 1940. Via Marseille, il veut se rendre aux États-Unis. Faute de visa des autorités américaines il s'installe au Mexique où il vit chichement de collaborations dans des revues. Il écrit en français de nouveaux romans comme Les Années sans pardon (1946, publié en 1971), et surtout L'Affaire Toulaev (1948), considéré à juste titre comme sa plus belle œuvre, où il démontre la terrifiante logique des grands procès staliniens. Ce livre, avec S'il est minuit dans le siècle (1939) et les romans rédigés en U.R.S.S., viendra composer l'ensemble intitulé Les Révolutionnaires (1980). Victor Serge meurt à Mexico le 17 novembre 1947. Ses Mémoires d'un révolutionnaire, qui couvrent les années 1901-1941, seront publiés en 1951.

— Laurent LEMIRE

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  • TERRORISME

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    Les « Bandits tragiques », appelés aujourd'hui la « bande à Bonnot », illustrent cette confusion constante : une idéologie anarchisante servant de prétexte à des crimes de droit commun jusqu'à une prise en main orientée par un « réseau de soutien », le journal L'Anarchie...