WEISSKOPF VICTOR (1908-2002)
Né le 19 septembre 1908 à Vienne (Autriche) dans une famille juive aisée, le physicien Victor Weisskopf est mort le dimanche 22 avril 2002, à Cambridge (Massachusetts, États-Unis), à l'âge de quatre-vingt-treize ans. Fils d'un juriste, il développe de multiples talents tant en science qu'en musique et participe à la réflexion politique au sein du mouvement de la jeunesse socialiste où il est l'ami de Bruno Kreisky, futur chancelier d'Autriche. Après deux ans d'études à l'université de Vienne, il rejoint Max Born (prix Nobel de physique 1954) à l'université de Göttingen (Allemagne), sous la direction duquel il obtient son doctorat en 1931. C'est pendant cette période qu'il écrit un célèbre article avec Eugene P. Wigner (Prix Nobel de physique 1963) sur l'application de la toute nouvelle théorie quantique relativiste à la largeur des raies spectrales d'un atome. Il effectue ses premières années de recherche avec Erwin Schrödinger (Prix Nobel de physique 1933) à Berlin en 1932, puis avec Niels Bohr (Prix Nobel de physique 1922) à Copenhague en 1933 grâce à une bourse financée par la brasserie danoise Carlsberg. Plus de cinquante ans après, Weisskopf disait continuer à boire cette bière en signe de gratitude.
S'il a énormément bénéficié de l'exceptionnelle ambiance qui régnait alors dans la communauté savante cosmopolite réunie autour de Niels Bohr, c'est avec Wolfgang Pauli (Prix Nobel de physique 1945), dont il devient l'assistant en 1934 à Zurich, qu'il prend part au spectaculaire développement de la physique subatomique ; il résout en particulier avec Pauli, en 1934, le problème de la quantification de l'équation d'onde relativiste d'une particule sans spin. En faisant référence à la géniale description quantique de l'électron proposée quelques années plus tôt par le physicien britannique Paul Adrien Maurice Dirac (Prix Nobel de physique 1933), Pauli disait de ce travail qu'il correspondait à une anti-théorie de Dirac. Après un séjour à Kharkov (Ukraine) où il côtoie le grand théoricien russe Lev Landau (Prix Nobel de physique 1962), et malgré une offre pour une chaire de professeur à l'université de Kiev, il décide d'émigrer aux États-Unis.
Grâce à l'entremise de Bohr, qui démarchait sans cesse les universités américaines pour les convaincre d'accueillir des réfugiés européens fuyant le nazisme, Weisskopf obtient en 1937 la charge de professeur-assistant à l'université de Rochester, poste qu'il occupera jusqu'en 1943. C'est pendant cette période qu'il développe une technique originale et performante de calcul des taux de réactions nucléaires, fondée sur un modèle conçu par Niels Bohr et selon lequel une collision nucléaire forme dans un premier temps un noyau composé qui, ensuite, se désintègre. Il participe aussi aux progrès de l'électrodynamique quantique en analysant en particulier les contributions des paires virtuelles d'électrons et de positrons à l'énergie d'un électron.
Devenu citoyen américain en 1942, il participe, comme responsable du groupe T3 de la division théorique, au projet Manhattan destiné à mettre au point la bombe atomique à Los Alamos (Nouveau-Mexique). Soucieux de politique locale, il devient maire de la ville de Los Alamos. Dès 1944, il prend part à la création d'une fédération de chercheurs prônant un usage pacifique de l'atome et rejoint en 1946 le comité d'urgence des savants atomistes présidé par Albert Einstein. Son engagement en faveur du désarmement marquera nombre de ses interventions publiques pendant les cinquante années suivantes.
Après la guerre, il enseigne au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.), avant de prendre, de 1961 à 1965, la direction générale du Cern de Genève. Weisskopf[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
Classification
Autres références
-
PAULI WOLFGANG (1900-1958)
- Écrit par Charles P. ENZ
- 2 227 mots
- 1 média
En 1934, l'année de son mariage avec Franca Bertram, son épouse dévouée pour le reste de sa vie, Pauli obtint, en collaboration avec son assistant V. Weisskopf, le résultat indiquant que des particules chargées à spin zéro admettaient des antiparticules de charge opposée. Ce résultat, parfaitement analogue...