VIEILLISSEMENT
L'avancée de nos connaissances biologiques et les progrès bio-médicaux du xxe siècle ont amélioré les conditions de vieillissement de l'homme et considérablement augmenté son espérance de vie, du moins dans les pays développés. Mais, même si l'on pouvait maîtriser les maladies cardio ou cérébro-vasculaires et les cancers, qui demeurent les deux principales causes de décès, on gagnerait au maximum une quinzaine d'années car « il n'existe aucune potion magique ou hormone, aucun produit du génie génétique ou des biotechnologies actuellement disponible, aucun antioxydant qui permette d'espérer vivre [en moyenne] cent vingt ans ou plus » (J. Olshansky, 2001 ).
Pour l'Institut de la longévité et du vieillissement, récemment créé, « le but essentiel est de repérer les produits de gènes dont il faudrait moduler l'activité pour influencer les processus permettant une meilleure qualité de vie pour les personnes âgées ». Pouvons-nous, grâce aux techniques de thérapie génique ou de greffe de cellules souches, adultes ou embryonnaires, maîtriser notre vieillissement et particulièrement l'occurrence des maladies neurodégénératives ? À quel prix, pour chaque individu et pour la société ?
Biologie des vieillissements
Si l'on compare, sans sous-estimer une grande variabilité entre sujets, les niveaux d'activité fonctionnelle des grands systèmes de l'organisme, on constate que, entre trente et soixante-dix ans, le flux sanguin cardiaque diminue de l'ordre de 30 p. 100, la capacité vitale pulmonaire de 40 p. 100, la masse musculaire de 25 p. 100, la masse osseuse de 25 p. 100, la fonction rénale de 30 p. 100. Or les fonctions du cœur, du cerveau, des poumons, du foie, des reins sont critiques pour l'ensemble de l'organisme.
Curieusement, les altérations physiologiques observées chez des cosmonautes ayant effectué un long séjour en apesanteur (V. Poliakof : 437 jours à bord de la station Mir) – altérations qui affectent le système cardio-vasculaire, les muscles, les os, le sens de l'équilibre – sont similaires aux altérations dues au vieillissement ; toutefois, elles sont réversibles alors que, pour l'instant, les mêmes altérations, quand elles procèdent de la sénescence sont irréversibles.
Altérations cellulaires
Les altérations de la vie cellulaire associées au vieillissement, (souvent difficiles à distinguer d'effets proprement pathologiques), concernent, d'une part, les fonctions liées aux activités métaboliques de la cellule, d'autre part, les activités liées au patrimoine génétique nucléique (ADN [acide désoxyribonucléique] et ARN [acide ribonucléique]).
Dans l'organisme vivant, les cellules peuvent se multiplier et se renouveler ou mourir, naturellement ou sous l'effet de dégradations et d'agressions diverses, et alors disparaître. En fait, toute cellule est génétiquement programmée pour une durée limitée de vie, donc doit mourir en subissant une involution structurale appelée apoptose (cf. apoptose). L'apoptose est distincte de la nécrose en ce qu'elle ne met pas en jeu des facteurs externes létaux. Phénomène pathologique d'effet contraire, l'inhibition de l'apoptose est invoquée dans certains cancers dont l'invasivité est liée à leur activité de prolifération (malignité).
La multiplication de cellules du tissu conjonctif – les fibroblastes humains –mises en culture in vitro constitue un modèle pour l'étude du vieillissement cellulaire ; ces cellules manifestent au plus de trente à cinquante cycles de division. Même si leur potentiel de multiplication est bloqué, par exemple par congélation, il s'exprime dès que le blocage est levé mais le total ne dépasse pas la limite du nombre de leurs divisions. C'est comme si les cellules se souvenaient de la succession des divisions[...]
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Écrit par
- Claude JEANDEL : professeur des Universités
- Marc PASCAUD : docteur ès sciences, professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Média
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