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VIEILLISSEMENT COGNITIF

La psychologie du vieillissement cognitif est cette partie de la psychologie qui cherche à comprendre comment évoluent nos capacités intellectuelles au fur et à mesure que nous avançons en âge. Les recherches essaient de caractériser le vieillissement dit « normal », mais aussi le vieillissement pathologique (par ex. la maladie d’Alzheimer).

Les chercheurs travaillant sur le vieillissement cognitif conduisent des expériences scientifiques leur permettant de comprendre quels sont les mécanismes intellectuels qui se détériorent avec l’âge et quels sont ceux qui restent stables, voire s’améliorent. Les fonctions intellectuelles étudiées concernent des fonctions aussi générales que la mémoire, l’attention, le raisonnement, la prise de décision, la résolution de problèmes, le langage et des fonctions aussi spécifiques que l’orientation spatiale, le calcul mental ou bien encore le jeu d’échecs ou la dactylographie.

Deux types de résultats majeurs sont à retenir des recherches en vieillissement cognitif. D’abord, la plupart de nos capacités intellectuelles déclinent avec l’âge. Certaines diminuent plus que d’autres (ainsi, l’attention et la mémoire déclinent plus que le raisonnement ou la prise de décision). Certaines capacités diminuent très tôt (par ex., la flexibilité attentionnelle diminue dès seize ans) ; d’autres ne diminuent pas avant cinquante ou soixante ans (comme le raisonnement déductif) ; d’autres enfin commencent à diminuer après quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans (par ex. le langage), voire ne diminuent jamais. Puis, quand le vieillissement entraîne une diminution des performances dans un domaine cognitif, cette diminution est d’autant plus importante que la tâche est complexe. Ainsi, les personnes âgées ont plus de mal à mémoriser une liste de mots abstraits qu’une liste de mots concrets, même si les deux listes comportent le même nombre de mots. Ainsi encore, le vieillissement entraîne un déclin des performances cognitives moins important sur un raisonnement portant sur deux plutôt que sur trois prémisses. Dans tous les domaines de la cognition, la plupart des opérations mentales mises en œuvre pour accomplir une tâche sont ralenties. Ce ralentissement peut aller jusqu’à 70 p. 100 chez certaines personnes et (ou) pour certaines activités intellectuelles.

Par ailleurs, au cours du vieillissement, on observe de très grandes différences individuelles. D’une part, des différences intra-individuelles caractérisent le fait qu’un même individu peut connaître un déclin cognitif accentué dans un ou plusieurs domaines, tandis qu’il aura des performances stables dans d’autres domaines. D’autre part, des différences interindividuelles apparaissent lorsque, toutes choses égales par ailleurs, certaines personnes connaissent un déclin très important et (ou) très précoce (dans un ou plusieurs domaines cognitifs), tandis que d’autres restent cognitivement alertes jusque très tard dans leur vie. Les raisons sous-jacentes à ces différences sont encore mal connues, comprenant aussi bien des facteurs de qualité de vie, d’histoire personnelle, de niveau de formation intellectuelle initiale, que des facteurs biologiques (comme l’hérédité ou l’efficacité physiologique du fonctionnement cérébral) et de santé. En effet, les individus ayant fréquenté plus longtemps l’école, vivant une vie relativement saine (nourriture, sommeil, sport), ayant une activité socioculturelle et un travail intellectuellement stimulants ont tendance à avoir un moindre déclin cognitif lié à l’âge (voire une préservation).

Les travaux effectués dans les années 2010 suggèrent que les personnes qui vieillissent bien ont d'importantes réserves cognitives, potentialisées notamment par des facteurs comme une scolarisation initiale prolongée, une activité professionnelle, des loisirs stimulants. Ces personnes connaissant[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, membre de l'Institut universitaire de France

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