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VIEILLISSEMENT DE LA MÉMOIRE

L’approche neuropsychologique du vieillissement

Le principe central de l’approche neuropsychologique est que le dysfonctionnement de certaines structures cérébrales est responsable des modifications cognitives observées au cours du vieillissement. Un rapprochement est effectué entre ce qui est observé chez les sujets âgés et chez les patients atteints de lésions frontales. En effet, si ces patients n’ont pas de véritable syndrome amnésique, ils éprouvent des difficultés dans l’organisation matérielle, dans les stratégies spontanées d’encodage et de récupération, dans la sensibilité aux interférences et dans l’accès aux informations contextuelles. Cette hypothèse frontale nécessite de considérer les modifications cérébrales qui surviennent chez les sujets âgés ; de fait, les études d’imagerie morphologique convergent vers l’altération préférentielle du cortex préfrontal. Pour autant, cette approche neuropsychologique n’est pas exclusive et l’origine des modifications cognitives au cours du vieillissement semble multidéterminée. En effet, différents facteurs plus généraux comme la vitesse de traitement, la limitation des ressources attentionnelles ou encore certains déficits d’inhibition ont été incriminés pour expliquer les difficultés de mémoire qui surviennent chez les personnes âgées.

Étant donné son rôle très important dans la mémoire, l’hippocampe a fait l’objet de nombreuses recherches et les résultats suggèrent que l’atrophie de l’hippocampe due à l’âge ne serait pas linéaire et ne débuterait qu’après l’âge de cinquante ou soixante ans. L’ensemble des résultats obtenus s’accorde bien avec l’hypothèse développementale selon laquelle les premières régions cérébrales matures sont les plus résistantes aux effets du vieillissement, et les régions qui se développent en dernier sont les plus fragiles.

La majorité des études d’activation en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) réalisées chez le sujet sain âgé ont porté sur la mémoire épisodique. Elles ont montré une réduction de l’asymétrie hémisphérique, généralement mise en évidence chez les sujets jeunes. En effet, chez les sujets âgés, tant l’encodage que la récupération en mémoire épisodique entraînent une activation frontale bilatérale, alors qu’elle est asymétrique chez les jeunes. Deux explications ont été proposées pour rendre compte de ce phénomène : l’hypothèse de la compensation et celle de la dédifférenciation. Selon l’hypothèse de la compensation, qui implique que les performances soient améliorées en cas d’activation bilatérale plutôt qu’unilatérale, ce phénomène pourrait intervenir dans le but de contrer le déclin neurocognitif lié à l’âge. Selon celle de la dédifférenciation, cette réduction de l’asymétrie refléterait les difficultés à recruter les réseaux neuraux spécifiques. Ces deux hypothèses ne sont pas exclusives et il est possible que les modifications physiologiques qui accompagnent le vieillissement provoquent une désorganisation neurocognitive, avec diminution de la spécificité des réseaux neuronaux et mise en jeu de réseaux supplémentaires, potentiellement efficaces. Les processus compensatoires et les mécanismes neurocognitifs déficitaires pourraient d’ailleurs être sous-tendus par des parties différentes du cortex frontal.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur de l'unité 1077 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, université de Caen Normandie

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