VIEILLISSEMENT DE LA MÉMOIRE
La réserve cognitive
L’existence d’une importante variabilité interindividuelle des performances, à âge égal, a souvent été mise en évidence et cette variabilité augmente avec l’âge. Certains sujets âgés bénéficieraient d’un vieillissement « normal » voire « réussi » tandis que d’autres seraient plus sensibles au déclin cognitif. Plusieurs caractéristiques semblent déterminantes dans l’apparition de ces différences interindividuelles, parmi lesquelles le niveau d’éducation.
De plus, le niveau d’étude des sujets peut moduler l’influence de l’âge sur la mémoire. Plusieurs auteurs ont ainsi montré que des sujets en bonne santé, de bon niveau culturel, actifs sur le plan intellectuel et bien intégrés socialement avaient plus de chances d’échapper au déclin de la mémoire. Cela rejoint le concept de réserve cognitive, définie comme la capacité d’un individu âgé à optimiser ses performances en recrutant le même réseau cérébral que les sujets jeunes, mais de façon plus importante ou bien en recrutant un réseau différent, reflétant le recours à des stratégies cognitives alternatives. Deux types de réserve ont été distingués : la réserve statique, ou réserve cérébrale, qui dépend de la quantité de neurones et de connexions disponibles ainsi que de facteurs génétiques, et la réserve dynamique, que l’individu se constitue au cours de sa vie, sous l’influence de son niveau socio-culturel, de son insertion sociale et de ses activités quotidiennes. Les principales variables utilisées aujourd’hui pour estimer la réserve cognitive d’un individu sont le niveau d’étude, la situation sociale, les occupations ou loisirs des sujets.
Les travaux qui portent sur le vieillissement de la mémoire ont considérablement évolué depuis le début des années 2000 en s’intéressant aux facteurs qui peuvent maintenir une bonne efficience mnésique chez les sujets âgés. Ces recherches se développent aux confins des neurosciences et des sciences humaines et sociales. Il en est ainsi des stéréotypes qui peuvent exercer un effet significatif sur les performances des personnes âgées, si elles sont placées dans une situation qui suggère que la tâche qu’elles réalisent est sensible aux effets de l’âge. Ces effets ne sont pas marginaux et permettent de nuancer une vision trop mécaniciste du fonctionnement de la mémoire et de ses modifications au cours du vieillissement.
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Écrit par
- Francis EUSTACHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur de l'unité 1077 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, université de Caen Normandie
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