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VIEILLISSEMENT

Théories du vieillissement

Pour tenter d'expliquer le vieillissement, plusieurs théories ont été proposées sur la base des observations biologiques (causes ou effets ?) connues, mais aussi d'expériences significatives. Schématiquement, on invoque soit l'usure et l'altération, non réparées avec l'âge, de matériel non génétique des cellules (protéome) ou des systèmes biologiques de régulation complexes et vulnérables, d'où détérioration du métabolisme, soit l'atteinte du capital génétique altéré (mutations) et non réparé, ou l'aboutissement de son déroulement normal (apoptose : mort programmée). Dans une approche évolutionniste, la pression de la sélection naturelle décline fortement avec l'âge et la sénescence serait une conséquence de l'avantage assuré par des gènes qui favorisent la survie.

Alors que les théories stochastiques invoquent des événements isolés ponctuels aléatoires, comme les mutations de gènes, les théories systémiques invoquent des successions enchaînées d'événements. Selon le niveau biologique des mécanismes, on peut distinguer, d'une part, les théories intracellulaires (subcellulaires) fondées sur les événements communs à toutes les cellules, d'autre part les théories extracellulaires (intercellulaires) fondées sur les événements affectant les caractères structuraux et fonctionnels de systèmes intégrés critiques, comme le système neuro-endocrinien ou le système immunitaire.

Théories métaboliques

Par les théories métaboliques, on affirme que le déclin métabolique est le principal facteur de la durée de vie des organismes. Schématiquement, l'organisme dispose d'un capital énergétique fixé au début de son existence, et la durée de vie est inversement proportionnelle à l'intensité du métabolisme énergétique de l'animal. La fécondité serait antagoniste de la longévité : les espèces animales qui consacrent un fort investissement métabolique à la reproduction ont une durée de vie plus courte que celles dont le potentiel reproducteur est faible. En fait, le capital énergétique est très variable d'une espèce à une autre, voire au sein d'une même espèce. Des expériences récentes pratiquées chez le nématode Caenorhabditis elegans (inactivation du gène daf-2) montrent qu'il n'y a pas antinomie entre fécondité et longévité.

Nocivité des radicaux libres - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nocivité des radicaux libres

Le déclin métabolique serait lié à des altérations mitochondriales. Les mitochondries se divisent même dans les cellules neurones et myones qui ne se divisent pas, leur temps de renouvellement étant de l'ordre d'un mois. La membrane interne des mitochondries, siège des oxydations génératrices d'énergie, est doublement exposée, par les radicaux libres et par les peroxydations, aux agressions à conséquences structurales et fonctionnelles, principalement altération de la disponibilité d'énergie fondamentale pour toutes les cellules (fig. 3).

On estime la quantité de radicaux oxygénés produits par les oxydations mitochondriales à 4 p. 100 de l'oxygène consommé. Les dommages causés à l'ADN mitochondrial seraient dix fois plus importants que les dommages causés à l'ADN nucléaire, d'où l'importance des mutations somatiques néfastes de cet ADN mitochondrial – duplications, délétions –, notamment dans les cellules du cerveau, des muscles, du cœur, cellules à métabolisme très actif. Les mitochondries altérées seraient moins agressées et prédomineraient dans la cellule, affaiblissant sa capacité respiratoire.

La corrélation positive entre activité de l'enzyme superoxyde dismutase impliquée dans l'attaque des radicaux libres et le potentiel énergétique total par unité de poids chez diverses espèces confirme l'intérêt prêté aux radicaux libres. Autre argument : les oiseaux (pigeons,[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités
  • : docteur ès sciences, professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

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Média

Neuro-vieillissement et maladie d'Alzheimer - crédits : Encyclopædia Universalis France

Neuro-vieillissement et maladie d'Alzheimer

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