VIEILLISSEMENT
Prise en charge médicosociale du vieillissement individuel
Trois modalités de vieillissement individuel
Le vieillissement, appréhendé à l'échelon des populations, se caractérise par une réduction des capacités fonctionnelles et par l'augmentation d'incidence des maladies liées à l'âge. Mais s'il se caractérise par des modifications biologiques inéluctables, il doit surtout être considéré comme associé à un risque accru d'émergence de certaines « affections liées à l'âge ». La probabilité d'être victime de ces maladies apparaît donc plus élevée à un âge donné, mais il ne s'agit que d'une possibilité plus forte et non d'une fatalité.
En revanche, à l'échelon individuel, et bien qu'il faille se garder de se restreindre à une approche trop schématique, trois modalités évolutives de vieillissement, sous-tendant différentes trajectoires de vie, sont communément admises (Rowe et Khan, 1987) :
– le vieillissement réussi, à haut niveau de fonction, ou robuste, se caractérisant par le maintien des capacités fonctionnelles ou leur atteinte très modérée ;
– le vieillissement usuel ou habituel, qui s'en distingue par la réduction des capacités ou de certaines d'entre elles, sans que l'on puisse attribuer cet amoindrissement des fonctions à une maladie de l'organe concerné ;
– le vieillissement avec morbidités, dont nous avons dit précédemment qu'il était trop souvent et à tort considéré comme la seule modalité de vieillissement. Ces morbidités, plus souvent chroniques, et dont l'âge ne représente qu'un facteur de risque, vont plus particulièrement concerner la sphère affective (dépression), cognitive (démence), locomotrice, sensorielle, cardio-vasculaire. Elles ont pour point commun d'être fréquemment associées à une dénutrition et d'exposer à un risque majoré de maladies aiguës, en particulier infectieuses ou traumatiques. Elles doivent de ce fait être considérées comme des déficiences, à l'origine d'incapacités fonctionnelles parfois majeures et de handicaps authentiques. Le terme de handicap est dès lors plus adapté pour caractériser ces états que celui de dépendance.
L'amoindrissement des capacités fonctionnelles caractérisant les deux premiers types de trajectoire (vieillissement réussi ou usuel) peut résulter des habitudes de vie ou de l'effet des maladies. Plusieurs études démontrent bien l'importance et l'influence négative de certains comportements tout au long de la vie sur le risque de survenue d'incapacités. D'autres études révèlent que la principale cause d'incapacité avant l'âge de quatre-vingt-cinq ans provient d'affections chroniques du système nerveux, de l'appareil locomoteur ou des organes des sens. Finalement l'âge en tant que tel, c'est-à-dire si l'on exclut le rôle des habitudes de vie et des maladies incapacitantes, n'apparaît plus que comme un facteur de fragilité, d'exposition accrue au risque.
Pour un vieillissement à haut niveau de fonction
Le principe selon lequel on vit de plus en plus vieux et en bonne santé ou qu'il faut privilégier le gain en années de vie en bonne santé s'est maintenant imposé. Pourtant, de nombreux efforts doivent encore être consentis pour convaincre chacun du bien-fondé des démarches de prévention, afin que le plus grand nombre puisse bénéficier d'un vieillissement en santé.
L'inertie et les réticences rencontrées trouvent sans doute leur origine dans les difficultés à sensibiliser les plus jeunes ou les adultes à un processus pourtant continu, qu'ils considéreront comme leur propre vieillissement à l'aube de leur entrée dans l'incapacité ou la dépendance. D'autres appréhenderont ce phénomène dès que de premiers stigmates apparaîtront, dévoilant à la personne[...]
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Écrit par
- Claude JEANDEL : professeur des Universités
- Marc PASCAUD : docteur ès sciences, professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Média
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