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VIENNE AU CRÉPUSCULE, Arthur Schnitzler Fiche de lecture

Le roman Vienne au crépuscule (Der Weg ins Freie, mot à mot : « Le Chemin de la liberté ») est l'œuvre de Schnitzler (1862-1931) la plus conforme au modèle européen du grand « roman de société ». Commencé durant l'été de 1902, publié en 1908, ce succès de librairie (en 1929, on en était déjà à la cent trente-sixième édition) présente une des fresques les plus suggestives de la métropole habsbourgeoise à l'époque de la « modernité viennoise. » L'« éducation sentimentale » (au sens où l'entendait Flaubert) du jeune aristocrate Georg von Wergenthin sert de fil conducteur au roman qui réunit les principaux thèmes chers à Schnitzler.

Arthur Schnitzler - crédits : Culture Club/ Getty Images

Arthur Schnitzler

Vienne : le Graben - crédits : Culture Club/ Getty Images

Vienne : le Graben

L'« éducation sentimentale » de Georg von Wergenthin

Wergenthin, personnage plutôt sympathique, chef d'orchestre et compositeur doué pour les petites pièces, mais qui n'arrive pas à terminer la partition de son quintette, est un fils de bonne famille qui a bien du mal à prendre la relève de son père qui vient de mourir. Il incarne le type de l'esthète prisonnier de son narcissisme qui ne parvient, ni dans ses relations amoureuses ni dans sa vie sociale, à sortir de lui-même : un type que Schnitzler a brillamment analysé dans sa pièce de théâtre Anatole (1893). Mais Anatole était un don Juan, tandis que Wergenthin est plutôt un sentimental. Sa liaison avec Anna Rosner, jeune fille fragile d'un milieu plus modeste des faubourgs viennois, une des figures les plus attachantes de Schnitzler, se termine tristement. Georg aime Anna, mais il ne se résout pas à l'épouser. Les deux amants donnent naissance à un enfant qui meurt aussitôt. Quand, à la fin du roman, Georg von Wergenthin choisit « le chemin de la liberté » et part pour Detmold où un poste de chef d'orchestre lui est proposé, c'est plutôt d'une fuite qu'il s'agit. Anna Rosner refuse de le suivre.

Tout le parcours de Wergenthin a été jalonné de ces faux départs sur des chemins qui ne le menaient nulle part. Ainsi durant les vacances qu'il a passées en Italie avec Anna : « Georges voyait avec bonheur mûrir en elle la compagne qu'il avait dès le début espéré trouver. Quant à lui, bien qu'il ne composât que peu de chose, il avait l'impression de progresser intérieurement. L'avenir ne lui faisait aucun souci. Il savait que, dès son arrivée à Vienne, le travail sérieux commencerait et qu'alors la voie s'ouvrirait libre devant lui. »

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Arthur Schnitzler - crédits : Culture Club/ Getty Images

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