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VIENNE, Autriche

Vienne contemporaine

La Première Guerre mondiale et la dislocation de l'Empire marquent de façon brutale la fin de cette période de prospérité. En 1919, Vienne n'est plus que la capitale d'un petit pays d'Europe centrale, encerclé par les nouvelles frontières politiques et économiques : l'Empire comptait 56 millions d'habitants, l'Autriche n'en a que 6 millions. La crise mondiale de 1929, l'Anschluss en 1938, l'exil ou la déportation de la population juive limitent encore son influence économique et politique. Aux effets de l'émigration s'ajoutent ceux d'un redoutable vieillissement de la population. L'occupation alliée consécutive à la Seconde Guerre mondiale – comme Berlin, Vienne est alors divisée en quatre secteurs – amplifie les difficultés de la ville : son déclin semble alors inexorable.

Ce n'est qu'en 1955 que s'amorce une timide renaissance. La fin de l'occupation et la proclamation de la neutralité autrichienne permettent à Vienne de devenir le siège de grands organismes internationaux, tels l'Agence internationale de l'énergie atomique (A.I.E.A.), l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (O.N.U.D.I.), le Bureau des affaires spatiales de l'O.N.U. (O.O.S.A.) ou l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.). Mais la ville reste lourdement handicapée par sa situation à proximité du rideau de fer, à l'écart des grands centres économiques d'Europe occidentale. Elle reste sur la voie du déclin démographique (1,93 million d'habitants en 1934, 1,62 million en 1961 et 1,53 million en 1981).

La fin du xxe siècle et le début du xxie siècle ouvrent un nouveau chapitre. La chute du Mur de Berlin (1989) et l'élargissement de l'Union européenne à sept pays de l'ancien bloc communiste (2004) replacent Vienne au cœur d'une Europe centrale qu'elle a longtemps dominée. L'économie, la démographie et les paysages urbains s'en trouvent bouleversés.

Économiquement, Vienne connaît depuis les années 1990 un dynamisme tout à fait remarquable. L'essor des fonctions tertiaires compense largement une désindustrialisation accentuée par la proximité des foyers de main-d'œuvre des anciennes démocraties populaires. Les nouvelles technologies constituent désormais le point fort de ses activités. La capitale autrichienne est redevenue une véritable métropole : les banques viennoises – et en particulier Bank Austria Creditanstalt – ouvrent des succursales en République tchèque, Slovaquie, Hongrie et Slovénie ; des firmes internationales, américaines et japonaises notamment, choisissent Vienne pour leur siège en Europe centrale (IBM, Hewlett-Packard, Coca-Cola Europe...) ; elle est à la tête de l'Euroregion Centrope, associant depuis 2005 les Länder du nord-est autrichien aux régions frontalières des pays voisins.

Héritées de l'époque des Habsbourg, les fonctions culturelles sont plus vivantes que jamais. Les cinq universités et les grandes écoles, avec leurs 120 000 étudiants au début des années 2000, font de Vienne le second pôle universitaire du monde germanique. Ses théâtres, opéras et salles de concert jouissent d'une réputation mondiale. Les nombreux musées – dont le célèbre Kunsthistorisches Museum (musée des Beaux-Arts) – voient leur attractivité renforcée par le réaménagement complet des collections d'art graphique de l'Albertina réouvertes en 2003 après dix ans de travaux et par l'inauguration, en 2001, du Museumsquartier, ensemble de musées, de salles d'expositions et de spectacles, de cafés et de restaurants. L'architecture contemporaine marque le paysage : ajouts modernes sur les immeubles de la Gründerzeit par les déconstructivistes (Coop Himmelblau), cité d'habitation et incinérateur de Friedensreich Hundertwasser, transformation des gazomètres[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de géographie, université de Metz
  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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Autriche : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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