SANEÏEV VIKTOR (1945-2022)
Trois fois champion olympique du triple saut (1968, 1972, 1976), recordman du monde, plusieurs fois champion d'Europe, l'athlète soviétique Viktor Saneïev est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de cette discipline.
Viktor Saneïev est né le 3 juillet 1945 à Soukhoumi, en Géorgie (URSS). Le jeune homme se révèle un excellent basketteur et un athlète prometteur, en sprint et dans les épreuves de sauts. Akop Kerselian, un entraîneur arménien, détecte ses possibilités et le persuade de s'orienter vers le triple saut. Assidu dans sa préparation, opiniâtre en compétition, ce champion élancé (1,88 m, 77 kg) se révèle à l'occasion des jeux Olympiques de Mexico, en 1968, dans un concours de feu qui voit le record du monde tomber à plusieurs reprises : à son ultime essai, Viktor Saneïev atterrit à 17,39 mètres, ce qui lui permet d'arracher au Brésilien Nelson Prudencio (17,27 m) la médaille d'or et le record du monde. L'année suivante, aux Championnats d'Europe d'Athènes, il domine nettement le concours (17,34 m). Néanmoins, en 1971, son horizon olympique s'assombrit quelque peu : le Cubain Pedro Perez-Duenas lui ravit le record du monde (17,40 m), puis l'Allemand de l'Est Jörg Drehmel le bat aux Championnats d'Europe d'Helsinki.
Saneïev se présente donc dans l'incertitude aux jeux Olympiques de Munich, en 1972, mais son fier tempérament lui permet de conquérir une deuxième médaille d'or olympique (17,35 m), malgré Drehmel (17,31 m). La même année, en octobre, il reprend le record du monde, réalisant 17,44 mètres à Soukhoumi. Ce titre et ce record font de lui le maître de la discipline, ce qu'il confirme en 1974 aux Championnats d'Europe de Rome, où il s'adjuge le titre grâce à un triple bond de 17,23 mètres, alors que Drehmel se classe à une décevante quatrième place avec une performance très modeste (16,54 m). Néanmoins, un nouveau rival se dresse sur la route olympique de Saneïev ; en effet, le 15 octobre 1975 à Mexico, un coup de tonnerre retentit dans le monde du triple saut : le Brésilien João Carlos de Oliveira établit un exceptionnel record du monde (17,89 m). Aux jeux Olympiques de Montréal, en 1976, Viktor Saneïev, en bagarreur, conquiert une troisième médaille d'or olympique. João Carlos de Oliveira, qui s'est dispersé en s'essayant au saut en longueur, ne réussit que 16,90 mètres, ce qui lui vaut la médaille de bronze, mais l'Américain James Butt prend la tête du concours au cinquième essai, avec 17,18 mètres. Saneïev, moins véloce que naguère, ne se décourage pas et, grâce à une technique parfaite et à une volonté farouche, il parvient à faire mieux : 17,29 mètres. Il est champion olympique pour la troisième fois consécutivement, un exploit unique dans cette discipline qui broie les articulations et les tendons. À trente et un ans, l'heure de la retraite pourrait sonner pour lui, mais en 1980 les Jeux se dérouleront à Moscou et cette perspective le pousse à ne pas mettre un terme à sa carrière. Il doit néanmoins se contenter de la médaille d'argent aux Championnats d'Europe de Prague en 1978, battu pour 1 centimètre par le Yougoslave Milos Srejovic (16,94 m, contre 16,93 m).
Viktor Saneïev, âgé désormais de trente-cinq ans, atteint le premier de ses objectifs en gagnant sa sélection pour les Jeux de Moscou – un exploit en soi, car l'école soviétique grouille de talents. Mais il ne peut pas concrétiser totalement son ambition, dans un concours il est vrai assez scandaleux car João Carlos de Oliveira voit plusieurs de ses essais invalidés par des juges partiaux. Avec un triple bond de 17,24 mètres, il obtient la médaille d'argent, devancé par son jeune compatriote de vingt-six ans Jaak Uudmäe (17,35 m), qui disparaîtra de la scène sportive internationale aussi[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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