VILLA, histoire
Le mot latin « villa » désigne proprement une exploitation agricole ; on en vint par la suite à l'appliquer aux résidences de plaisance, dans les campagnes ou sur les plages, sans lien avec sa fonction agricole initiale. D'origine romaine, la villa, en référence à cette époque historique idéalisée, connaît un regain d'intérêt à partir de la Renaissance. Des traités vont alors définir les fonctions de ce lieu, approfondissant l'idée de locus amœnus, asile charmant et lieu du bonheur secret, dont l'évolution influe aussi sur l'art des jardins.
La villa romaine
Entourée de terres, sur une étendue parfois considérable, la villa rurale se caractérise par une architecture purement utilitaire, les bâtiments étant distribués sans ordre autour de la cour où l'on rassemblait le bétail. La villa des Mystères à Pompéi offre l'exemple de la transition vers la résidence de plaisance : la partie est, de plain-pied avec la route d'accès, groupe les logements des esclaves, les ateliers, tandis qu'à l'ouest l'appartement de maître ouvre sur des terrasses dominant les pentes qui descendent vers la mer. Du point de vue du plan, les villas d'exploitation ou de plaisance se divisent en deux catégories : la villa à plan fermé, dont le centre est occupé par une cour à portiques, et la villa ouverte, constituée par deux ailes encadrant une cour ouverte. La villa des Mystères, déjà citée, représente bien la première catégorie, dont on trouve un exemple plus tardif à Piazza Armerina, en Sicile. La villa d'Anguillara Sabazia, dans le Latium, qui date du milieu du ier siècle environ, est un bon exemple de la seconde catégorie, avec son immense portique semi-circulaire en façade. Un type simplifié de villa ouverte, particulièrement fréquent dans le nord de la Gaule, est constitué par un corps principal en forme de rectangle allongé doté d'un pavillon à chaque extrémité. Il faut naturellement mettre à part les domaines groupant de multiples constructions, comme la villa d'Hadrien à Tibur (Tivoli) ; on peut la considérer comme la combinaison d'une immense villa de type fermé, dont les péristyles successifs s'étagent sur plusieurs niveaux, avec toute une série d'annexes, réunissant tous les raffinements qu'un esthète tout-puissant pouvait imaginer. Moins gigantesques sont les villas des grands seigneurs du ive siècle, mais elles restent encore complexes. On a déjà cité celle de Piazza Armerina. Celle de Montmaurin, au pied des Pyrénées, combine les caractéristiques principales des deux types avec son portique semi-circulaire précédant deux péristyles alignés.
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Écrit par
- André CHASTEL : membre de l'Institut, professeur au Collège de France
- Robert FOLZ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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