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VILLE La ville nouvelle

Les villes nouvelles de la Renaissance

Le développement des nouvelles villes médiévales fut brusquement stoppé par la crise démographique et économique consécutive à la Grande Peste du milieu du xive siècle. De nombreuses villes récemment fondées avortent alors ou se transforment en villages, et même les agrandissements des villes importantes, qu'on avait entourées de nouvelles murailles à la fin du xiiie siècle ou au début du xive, restent en partie vides et ne seront complètement habités qu'à la fin du xixe siècle.

À l'époque de la Renaissance, c'est-à-dire aux xve et xvie siècles, le projet d'une nouvelle ville est étudié et défini théoriquement, grâce aux instruments de la nouvelle culture humaniste et classique. Mais la réalisation concrète n'est plus à l'ordre du jour, et les aspects techniques et évolutifs sont désormais oubliés. Ainsi la « ville nouvelle » s'identifie avec la « ville idéale » ; décrite et dessinée dans les livres, elle n'est mise en application que très rarement dans les pays européens, et souvent avec des résultats décevants.

Dans son traité De re aedificatoria, composé vers le milieu du xve siècle, Leon Battista Alberti accepte la notion traditionnelle de la ville comme « objet » permanent et raconte sa fondation comme un fait lointain et légendaire. Filarète, au contraire, écrivant entre 1460 et 1465, décrit minutieusement une ville nouvelle, Sforzinda, qui adopte le tracé radioconcentrique de la rose des vents, c'est-à-dire l'ancien symbole du cosmos. Dix ans plus tard, Francesco di Giorgio fait une étude critique des divers tracés, combinés avec les nécessités de la technique naissante des fortifications contre les tirs d'artillerie. Mais à ces modèles théoriques ne correspondent pas assez de réalisations concrètes. Pienza et Urbino ne sont que des développements architectoniques cohérents de villes médiévales préexistantes. Cortemaggiore, Santa Fe de Granada et Valbonne, fondées à la fin du xve siècle ou au début du xvie, sont des bastides attardées, analogues à celles du xiie siècle. Seule l'extension de Ferrare conçue par Ercole d'Este en 1490 est suffisamment cohérente et riche d'invention pour créer un nouvel organisme urbain de dimensions appréciables : mais la crise politique et économique du xvie siècle interdit l'achèvement de l'« addition herculéenne », qui reste un quartier suburbain jusqu'au seuil de l'ère industrielle.

La nouvelle méthodologie des projets, fondée sur la perspective dans toute sa rigueur, ne se révèle concrètement applicable qu'à l'échelle de l'architecture : les villes d'origine médiévale s'enrichissent d'édifices monumentaux, qui, souvent, semblent dominer le décor urbain mais sont en fait subordonnés aux tracés et structures inventés au Moyen Âge. Parfois l'architecture des palais se prolonge dans les places et les jardins, qui forment des espaces artificiels soumis aux règles de la perspective, mais sans franchir les limites de la vision binoculaire en deçà desquelles les effets du relief architectural restent sensibles (environ 200 à 300 m).

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Écrit par

  • : architecte, ancien professeur d'histoire de l'architecture à l'université de Rome

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Bruges - crédits : Kotomiti Okuma/ Shutterstock.com

Bruges

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne) - crédits : Encyclopædia Universalis France

New Salisbury. Wilts (Grande-Bretagne)

Canberra, le Parlement australien - crédits : pattyjansen/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

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