VILLE Mutations urbaines
Les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne changent ni la société ni les villes. Ce sont ces dernières qui, dans leur dynamisme de développement et de « modernisation » se saisissent de toutes les techniques qui permettent aux individus et aux organisations de mieux maîtriser leurs espaces-temps et de disposer du plus grand potentiel d'interactions, de contacts, de réseaux, de rencontres, d'échanges. Émergent ainsi non des villes virtuelles, mais de nouvelles combinaisons entre les espaces concrets et les espaces virtuels, de nouveaux types de lieux, de nouvelles formes urbaines. Face à ces mutations, dont l'importance est analogue aux bouleversements que les villes ont connus au moment de la révolution industrielle, les urbanistes doivent se doter de concepts et d'outils nouveaux.
La fin des villes ?
e-topia, tel est le titre que William J. Mitchell, architecte et responsable du multimédia au M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) a donné à son ouvrage publié en 1999, ajoutant en sous-titre « Urban life, Jim – But not as we know it » (La ville, oui, Jim, mais pas celle que nous connaissons). Ce titre très accrocheur révèle fort bien la teneur des problématiques actuelles sur les relations qu'entretiennent les N.T.I.C. (nouvelles technologies de l'information et de la télécommunication) et les villes. Pour l'auteur, en effet, les villes ne sont pas appelées dans un avenir envisageable à disparaître, mais à se transformer radicalement avec l'usage croissant de ces technologies. Cette thèse est aujourd'hui largement admise.
Pratiquement plus personne en effet ne se risque à annoncer la fin prochaine des villes, voire à proclamer leur mort comme Marshall McLuhan le faisait au cours des années 1960, quand il écrivait : « La ville n'existe plus, excepté comme fantôme culturel pour les touristes. » Certes, nombreux sont ceux qui se demandent jusqu'où pourrait nous entraîner l'usage des N.T.I.C. Mais à un terme prévisible, et sur la base d'observations empiriques, l'évolution des villes bat quotidiennement en brèche l'hypothèse répandue qui sous-tend les pronostics les plus sombres, à savoir que les interactions électroniques se substitueraient progressivement au face-à-face des habitants et que les télécommunications remplaceraient leurs déplacements. Jamais en effet les citadins ne se sont autant déplacés, tant sur de petites distances que sur de grandes, et leur mobilité physique ne cesse de croître. La flambée des prix de l'immobilier de bureau situé au cœur des grandes villes, ainsi que de l'immobilier réalisé à proximité des interconnexions des réseaux de transport, le chiffre d'affaires des centres commerciaux comme le succès des cinémas multiplexes, des musées, des expositions, des festivals et le développement des loisirs touristiques témoignent clairement d'une recherche de rencontres et d'événements, dans le temps même où le développement des communications audiovisuelles tend à isoler les individus.
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Écrit par
- François ASCHER : professeur à l'Institut français d'urbanisme, université de Paris-VIII
Classification
Média
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