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VILLE Mythe et représentation

Permanence des mythes sociaux de la ville

La ville devient, d'autre part, un objet ou mieux un « laboratoire » privilégié des sciences sociales qui se constituent. La réflexion philosophique d'un Simmel ou d'un Spengler, venant d'Allemagne au début du xxe siècle, associe l'idée de ville et l'idée de civilisation, y compris dans les perspectives de son déclin. Le thème est repris par la sociologie américaine, qui était alors à ses débuts, sous la double pression de la réalité et de l'idéologie (crise des valeurs de la « frontière »). Les représentations de la ville – la philosophie des Lumières n'y est pas sans écho – sont transformées en objet scientifique : désorganisation sociale et rupture des relations primaires, de la vie communautaire, d'un côté ; mobilité, liberté, affirmation individuelle, de l'autre. À travers les débats sur l'urbanisme, c'est aussi le rapport entre milieu et conduites qui est de nouveau posé.

Il n'est pas indifférent de situer dans le temps et dans l'espace ces interrogations : les questions suscitées aux États-Unis dans les années 1920 refluent, trente ans plus tard, en Europe, au moment où l'urbanisation généralisée tend à l'emporter. Représentation et mythes sociaux de la ville paraissent se dessiner avec une force particulière dans ces moments de changement, mais surtout de conflit maximal entre des structures et des conduites d'âges différents : milieu du xviiie siècle, années 1830-1850, en Europe ; années 1920 aux États-Unis ; de nouveau croissance urbaine des années 1950 en Europe. Malgré ces rythmes, les récurrences sont multiples dans les questions posées. L'urbanisme contemporain s'enracine dans le fonctionnalisme naissant du xviiie siècle ; l'interrogation sur les conduites, la communauté et la décision collective, dans la philosophie des Lumières. La ville reste le lieu des saccades mais aussi de la durée.

— Marcel RONCAYOLO

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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