VILNIUS, VILNIOUS ou WILNO
Capitale de la Lituanie. Vilnius, Vilnė, Vilna, Wilno : les quatre noms reçus par la ville reflètent la complexité de son histoire. Établie au confluent de la Neris et de la Vilnia, à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, Vilnius est actuellement excentrée dans le sud-est du pays, à 300 kilomètres de la mer. La ville est fondée en 1320 par le grand-duc Gediminas qui y installe sa capitale de préférence à son ancienne résidence, Trakaï. Sa situation actuelle évoque la grandeur passée de l'État lituanien.
L'histoire de la cité est marquée par l'évolution des rapports, amis-ennemis, qui se sont établis avec la Pologne après le mariage du grand-duc Jogaila et de la reine Hedwige en 1386.
Vilnius connaît d'abord un destin de capitale jusqu'au xve siècle, lorsque l'État lituanien étend son pouvoir au-delà de Kiev. Puis, l'union intime avec la Pologne lui fait perdre de son rayonnement parce que les rois de Pologne-Lituanie s'établissent à Cracovie, puis à Varsovie, en négligeant Vilnius (Wilno en polonais). La ville, qui a subi les aléas de l'histoire, conserve aujourd'hui encore les diverses empreintes du passé ; toutes les époques ont laissé des traces dans la vieille ville, riche de monuments baroques, gothiques, Renaissance, classiques.
Vilnius reflète aussi l'esprit de tolérance des grands-ducs ; elle offre, à partir du xive siècle, un refuge aux Juifs persécutés en Europe occidentale ; ils s'y installent en grand nombre et en font un centre culturel et religieux qui vaudra à la ville (Vilnė en yiddish) le surnom de « Jérusalem du Nord ». C'est également à Vilnius-Wilno que les Jésuites fondent en 1579 la première université catholique de la région balte.
Après les partages de la Pologne au xviiie siècle, Wilno passe sous le joug russe et s'appelle désormais Vilna. Elle perd alors son statut de capitale et n'est plus qu'une petite ville de province, à l'écart de l'expansion économique et industrielle qui marque le xixe siècle.
Pourtant, c'est tout naturellement Vilnius, l'ancienne capitale des grands-ducs, qui, le 16 février 1918, quand se termine la Première Guerre mondiale, devient la capitale de la nouvelle république de Lituanie. Mais, en octobre 1920, la ville et sa région sont annexées par la Pologne, recréée depuis peu par le traité de Versailles, et redevient Wilno. La Lituanie perd ainsi sa capitale et doit en créer une autre, à Kaunas.
Rendue à la Lituanie par Staline en septembre 1939, la ville connaît immédiatement l'occupation soviétique puis, pendant trois ans, l'occupation allemande (1941-1944), ensuite et pour un demi-siècle la domination soviétique. Vilnius a souffert durant cette dernière occupation des exigences de la politique globale de Moscou, qui a privilégié les ports de Riga (Lettonie) et de Tallinn (Estonie). Elle a été réduite au rang de capitale d'une république soviétique, c'est-à-dire avec peu de pouvoir et sans capacité de décision dans le domaine économique.
Depuis 1991 seulement, Vilnius a recouvré l'ensemble des responsabilités d'une capitale en redevenant le siège d'un gouvernement indépendant. Aujourd'hui, la ville, la plus cosmopolite du pays, compte près de 16 p. 100 de la population lituanienne globale (560 000 hab. en 2005). Elle est à nouveau le premier centre universitaire, avant Kaunas, et connaît avec le développement du secteur tertiaire, des banques et des institutions financières une spectaculaire extension. Elle essaie à la fois de retrouver une partie de son histoire, en restaurant le quartier juif détruit par les Soviétiques, et de se moderniser, en multipliant le long de nouvelles avenues les bâtiments construits dans une architecture d'avant-garde. Le centre historique de Vilnius a été inscrit sur la liste de Patrimoine mondial par l'U.N.E.S.C.O.[...]
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Écrit par
- Suzanne CHAMPONNOIS : docteur de l'Université, ancien maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (histoire des pays Baltes)
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Médias
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