VINCENT FERRIER saint (1350-1419)
Dominicain espagnol qui eut un rôle religieux important à la période du schisme d'Avignon. Né à Valence (Espagne), Vincent Ferrier commence de brillantes études de philosophie et de théologie dans cette ville ; il entre chez les Frères prêcheurs en 1370 et est ordonné en 1378. Il obtient le doctorat en théologie à Lérida.
Enseignement, prédication, politique seront les trois grandes activités de sa vie : théologal de la cathédrale de Valence, il quitte l'Espagne pour suivre en France le cardinal de Luna, dont il est un familier ; mais leurs caractères s'opposent, et Ferrier revient enseigner à Valence après une première brouille en 1393. Lorsque Luna, en 1394, est élu pape en Avignon sous le nom de Benoît XIII, il rappelle Ferrier, pour se fâcher de nouveau avec lui (1395-1398) ; Ferrier devient alors, après une vision des saints François et Dominique, un prédicateur errant qui connaît de grands succès parmi les foules à travers l'Europe et jusqu'en Irlande. Il est investi par Benoît XIII de pouvoirs extraordinaires et de la charge de « plénipotentiaire du Seigneur ». Sa renommée, son éloquence, sa vertu, son pouvoir de thaumaturge ébranlent l'Europe.
Il accepte de jouer un rôle politique en Espagne, comme député de Valence aux états d'Aragon (il y prépare l'unité espagnole) ; il cesse de soutenir Benoît XIII, qui refuse à ce moment-là tout compromis permettant de mettre fin au schisme. Son frère Boniface (1355-1417), marié, père de famille, est entré après son veuvage chez les Chartreux ; élu général de l'ordre (par les partisans de Benoît XIII), il avait accepté de démissionner pour rétablir l'unité. Vincent se rend au Concile de Constance : il est alors « l'Ange de paix de l'Europe », « l'Ange du jugement » et l'arbitre des puissances. Vincent meurt à la tâche, à soixante-dix ans, au cours d'une mission qu'il prêche dans les États de Bretagne, à Vannes, à la demande du duc Jean V. Il est canonisé, pour sa fidélité à l'unité de l'Église et pour ses mérites de prédicateur, par Calixte III en 1455.
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Écrit par
- Jean-Robert ARMOGATHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses
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