VAN GOGH VINCENT (1853-1890)
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Bien qu'il ait manifesté dès l'enfance des dispositions pour le dessin, Vincent Van Gogh ne s'est engagé dans la peinture qu'à l'âge de vingt-sept ans, après une série d'expériences professionnelles et humaines qui furent pour lui autant d'impasses. Sur les dix années qui lui restaient à vivre, huit environ peuvent être considérées, en dépit de la qualité des œuvres qui en émanent, comme une période d'apprentissage, de découvertes et de maturation où les influences extérieures jouent un rôle déterminant. La véritable personnalité artistique de Van Gogh s'est dessinée subitement à la fin de son séjour parisien, pour s'affirmer au contact de la lumière du Midi, lors de son installation en Arles : en deux ans, et à travers quelque trois cent cinquante tableaux (sur un peu plus de sept cents au total), Vincent allait devenir l'une des figures majeures de l'histoire de la peinture, le précurseur, notamment, des fauves et de l'expressionnisme.
Indissociable de son œuvre, la vie de Van Gogh nous est principalement connue grâce à la passionnante correspondance que l'artiste échangea, pendant dix-huit ans et jusqu'au dernier jour, avec son frère Théo dont l'affection et le soutien ne lui furent jamais comptés : elle témoigne du combat intense et désespéré livré par un esprit supérieur à la maladie qui le minait et au monde qui le rejetait. Ce combat – comme l’œuvre de l’artiste – a contribué à la naissance d’un véritable mythe que le cinéma a promu dans l’imaginaire collectif.
La quête d'une identité (1853-1880)
Vincent Van Gogh est né le 30 mars 1853 à Groot Zundert, dans le Brabant (Pays-Bas), où son père Théodore exerçait la fonction de pasteur. Sa mère, Anna Cornelia Carbentus, était la fille d'un relieur de la cour. Aîné de six enfants – mais précédé par un autre garçon, prénommé lui aussi Vincent, qui ne vécut pas –, doué d'un tempérament de « rêveur », Van Gogh semble avoir connu, dans ce milieu digne et religieux, une jeunesse des plus moroses et souffert très tôt de graves problèmes d'identité : « Non seulement, rapporte sa sœur Elisabeth, ses proches étaient pour lui des étrangers, mais il était encore étranger à lui-même. » À seize ans, il doit par nécessité matérielle se mettre à travailler : grâce à l'un de ses oncles, il obtient d'abord un emploi de vendeur dans une galerie d'art de La Haye, propriété de la célèbre firme parisienne Goupil. Transféré à Bruxelles, puis à Londres, où il subit un premier échec amoureux, enfin à Paris, où il découvre le Louvre, l'œuvre de Corot et celui de Millet, il se désintéresse peu à peu de son travail, et, de retour en Angleterre en 1876, remet sa démission. C'est alors que, saisi par une sorte de fièvre humanitaire et mystique, il entame la phase la plus douloureuse de son existence : répétiteur dans une institution pauvre de Ramsgate, puis maître d'école et aide-prédicateur dans un faubourg de Londres, il est confronté à la misère et envisage de devenir pasteur. Après s'être essayé en vain aux études théologiques à Amsterdam (1877), il effectue un stage infructueux à l'école préparatoire évangéliste de Bruxelles (1878), puis, nanti tout de même d'une mission de six mois, se rend dans l'une des régions les plus déshéritées de la Belgique, le Borinage, pays des mineurs. Peu doué pour la prédication, mais charitable jusqu'au sacrifice, il reçoit un accueil mitigé de la population et est finalement désavoué par l'Église. Paradoxalement, si ce nouvel échec le laisse au bord du désespoir, il lui permet de découvrir enfin sa véritable vocation en le ramenant à la pratique du dessin (« Je me suis dit, [...] je reprendrai mon crayon, et je me remettrai à dessiner, et dès lors à ce qui me semble tout a changé pour moi », [...]
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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