VAN GOGH VINCENT (1853-1890)
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Anvers et Paris (1885-1888)
Les séjours successifs à Anvers (nov. 1885-févr. 1886) et à Paris (févr. 1886-févr. 1888) constituent une double étape capitale pour l'évolution de Van Gogh. À Anvers tout d'abord, l'étude des œuvres de Rubens et la découverte des estampes japonaises – qu'il commence à collectionner dans cette ville – achèvent de lui révéler les ressources de la couleur, qualités déjà pressenties dans la familiarité des maîtres hollandais, mais plus encore peut-être au contact des Véronèse du Louvre, et des tableaux de Delacroix, lors de son premier passage à Paris en 1875. C'est aussi dans la capitale flamande que Van Gogh inaugure, sur le registre de l'humour macabre, sa fameuse série d' autoportraits (Crâne de squelette fumant une cigarette, Van Gogh Museum, Amsterdam).
À cette époque, toutefois, seule la connaissance du milieu artistique parisien pouvait permettre à Vincent de renouveler véritablement sa vision : rappelons que l'année 1886, où il arrive à Paris, est celle de la dernière exposition impressionniste, et qu'en 1887 devait s'ouvrir la première rétrospective de l'œuvre de Millet.
Installé auprès de Théo qui dirige la succursale parisienne de Goupil depuis 1880, Van Gogh fréquente un moment l'académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Toulouse-Lautrec, d'Anquetin et d'Émile Bernard. Par l'intermédiaire de son frère, il rencontre presque tous les impressionnistes, en particulier Seurat et Pissarro, ainsi que Gauguin. Dans la boutique du célèbre Père Tanguy, enfin, sous l'égide des œuvres de Cézanne, il se lie d'amitié avec Signac. Son art enregistre alors des progrès très rapides : dans un premier temps, l'admiration qu'il voue au Marseillais Monticelli, mort en 1886, l'amène à éclaircir son coloris pour peindre une série de petits tableaux de fleurs aux nuances rares (Cinéraires, automne 1886 ; musée Boymans-Van Beuningen, Rotterdam), un genre qu’il continuera d’affectionner. Peu à peu, sous l'influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent davantage d'aisance et de liberté, en même temps qu'il s'essaye à la technique de l'aplat coloré (Nature morte aux citrons, 1887 ; Van Gogh Museum, Amsterdam). Parallèlement, grâce aux conseils de Pissarro qui l'initie au traitement divisionniste des tons et aux théories nouvelles sur la lumière, grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887, sa palette s'enrichit de couleurs vives, sa touche s'anime et se fragmente – rejoignant parfois le graphisme de ses dessins : les vues de Montmartre et des environs de Paris qu'il exécute durant cette période tranchent sur le reste de son œuvre par une gaieté et une fraîcheur qui méritent d'être soulignées (Intérieur de restaurant, été 1887 ; musée Kröller-Müller, Otterlo).
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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