VELA VINCENZO (1820-1891)
Sculpteur suisse d'origine italienne. Né à Ligornetto, Vela fut actif en Suisse et en Italie. Au cours d'une longue carrière, Vicenzo Vela a proposé à la sculpture italienne des préoccupations thématiques et stylistiques originales que ses critiques ont qualifiées, vers 1860, de « véristes ». À la fin du xixe siècle, l'œuvre de Vela, très connue et appréciée hors de Suisse et d'Italie, fut considérée comme la production la plus importante de l'école italienne de sculpture.
L'art de Vela s'écarta rapidement de l'esthétique néo-classique encore acceptée vers le milieu du siècle par les nombreux successeurs de Canova. Déjà, le sujet de l'œuvre qui révéla Vela, Spartacus (1847-1850, marbre, localisation inconnue), était de nature à galvaniser les aspirations à l'action politique de la génération qui l'admira. En outre, Vela utilisait, dans la conception et l'exécution de cette figure, des moyens expressifs inconnus de son temps : le choix d'un modèle anatomiquement imparfait et d'un aspect que ses contemporains s'accordaient à trouver vulgaire, une action ramassée et saisie dans un court instant de son déroulement, enfin une expression de l'anatomie et de la physionomie fortement accentuée. À la même époque, Vela continuait ses recherches véristes dans de nombreux portraits où, à l'encontre de ses contemporains, il représentait ses modèles dans le costume de leur époque et avec un sens aigu de leur individualité et de leur modernité.
L'art de Vela contribua à amplifier le développement extraordinaire que prirent en Italie, à partir du milieu du xixe siècle, l'architecture et la sculpture funéraires. Il s'instaurait alors dans les goûts de la haute bourgeoisie un goût prononcé pour la représentation édifiante d'épisodes biographiques. Le lit funèbre, sur lequel l'imminence de la mort convoque les vertus d'une existence, devint l'accessoire indispensable de cette représentation restituée, en vrai simulacre, grandeur nature. Le cimetière, lieu jusque-là avant tout privé, s'ouvrait à des utilisations sociales et théâtrales renouvelées. Les représentations du trépas s'y installèrent. Cette sensibilité spiritualiste, nouvellement affirmée, offrit à Vela un vaste champ d'exploration et il excella dans le genre funéraire. Ainsi les derniers instants de la vie ont rarement été perçus et représentés par les sculpteurs avec l'acuité que Vela montra dans le Tombeau de la comtesse d'Adda (1849-1853, plâtre, musée Vela, Ligornetto).
Le sculpteur reçut aussi d'importantes commandes monumentales à caractère honorifique et commémoratif. Il sacrifia, comme ses contemporains, aux exigences de ces commandes dans les modes historiques et allégoriques encore en faveur. Ses réussites sont évidentes, surtout dans des œuvres de caractère plus personnel. Là, Vela parvient à exprimer des émotions vraies et, avec elles, une réflexion sur des moments d'angoisse que la sensibilité du temps reconnut et comprit : la Désolation (1850, parc Civique, Lugano), ou les Derniers Jours de Napoléon (1866, marbre, musée du château de Versailles). De cette propension à définir un art qui proclame le caractère tragique de la destinée humaine, l'inanité des ambitions et des passions et les tares de la cellule sociale, témoigne l'apologie que Vela fit, pendant ses dernières années, du travail manuel. L'image étonnamment éloquente des Victimes du travail de 1883 (bronze, galerie d'Art moderne, Rome) en fait foi. L'œuvre en marbre de Vela est dispersée et des sculptures importantes ont disparu. La collection presque entière de ses modèles en plâtre est conservée au musée Vela, à Ligornetto, dans le canton du Tessin, en Suisse.
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Écrit par
- Jacques de CASO : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)
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