VINGTIÈME CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE DE L'URSS (1956)
Ouvert le 14 février 1956, au Grand Palais du Kremlin, trois ans après la mort de Staline, le XXe congrès du Parti communiste de l'U.R.S.S. accueille à ses délibérations les délégations de cinquante-cinq partis communistes et ouvriers. À la tribune d'honneur des invités ont pris place les représentants des partis au pouvoir et ceux des grands partis communistes des pays capitalistes : Zhu De, Bierut, Novotny et Zápotocky, Ulbricht et Grotewohl, Rakosi, Georghiu Dej, Tchervenkov, Hodja, Tsoi En Chen, Truong Ching et Lê Duc Tho, Thorez, Togliatti, Ibarruri. Congrès à deux faces, l'une interne (le rapport « secret »), l'autre externe, et dont l'importance réside dans la corrélation entre ces deux types de discours. Cette corrélation déterminera une nouvelle ordonnance des relations à l'intérieur du monde communiste et consacrera, à l'extérieur, la nouvelle politique de l'Union soviétique, la coexistence pacifique avec le monde capitaliste.
Le rapport « secret » du premier secrétaire Nikita Khrouchtchev se centrait sur la condamnation du « culte de la personnalité de Staline... étranger au marxisme-léninisme » et cause du despotisme de Staline, de son comportement arbitraire qui, par voie de conséquence, laissait libre cours à la violation de la légalité révolutionnaire. L'activité de Staline, considérée comme positive dans les années 1920 et au début des années 1930, puisqu'elle avait contribué à l'élimination des trotskistes, zinoviévistes et boukhariniens et ouvert le chemin de l'industrialisation et de la collectivisation des terres, avait dégénéré, après le XVIe congrès (1934) et l'assassinat de Kirov, en un « culte de la personnalité ». Staline était tenu pour responsable de la violation du principe léniniste de la direction collégiale, de la falsification des procès politiques, de la liquidation physique des vieux bolcheviks et de la presque totalité des officiers supérieurs de l'Armée rouge, des premières défaites de cette armée au moment de l'attaque allemande, de la déportation de peuples entiers (Kalmouks, Tchétchènes, Ingouches, etc.), de la condamnation à mort de plusieurs dirigeants soviétiques après 1945, et de plusieurs autres crimes. À l'ombre de ce pouvoir illimité de Staline, la « bande de Beria » (ministre de l'Intérieur), « agent de l'impérialisme », violait impunément la légalité socialiste. Par conséquent, « ... la direction telle qu'elle était pratiquée durant les dernières années de Staline était devenue un obstacle sérieux au développement social de l'Union soviétique ».
Le rapport officiel de Khrouchtchev, quant à lui, présentait les grandes lignes du « cours nouveau » de la politique du Parti communiste et de l'État soviétique. En politique extérieure, par la coexistence pacifique, l'Union soviétique trouvait son intérêt à s'engager dans « une politique active d'amélioration des relations avec les États-Unis et les pays capitalistes occidentaux », dont les succès industriels et les progrès techniques sont reconnus. La coexistence pacifique passait aussi par l'établissement de bons rapports avec les « États pacifiques » d'Asie et du Proche-Orient, et par la coopération avec la social-démocratie. Le P.C.U.S. reconnaissait que « les différentes voies nationales vers le socialisme » étaient une réalité du monde actuel. En politique intérieure, le P.C.U.S., en rétablissant le principe de la « direction collégiale », renforçait son rôle dirigeant dans l'État soviétique, et se donnait pour tâche de perfectionner l'appareil d'État. Dans le domaine économique, la priorité était conservée au développement quantitatif de l'industrie et de l'agriculture, l'effort préconisé devant porter sur la modernisation des technologies.[...]
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Écrit par
- Ilios YANNAKAKIS : maître assistant à l'université de Lille-III
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