VIOLE D'AMOUR
Instrument à cordes et à archet, proche parente et de la viole et du violon. De la viole, la viola d'amore possède la caisse plate, les cordes nombreuses (six ou sept), le manche large, l'accord à base de quartes et de tierces. Du violon elle se rapproche, car elle n'a pas de sillets et, comme lui, elle se joue à l'épaule. Par sa taille, elle ressemble à un alto à hautes éclisses. De nombreux compositeurs en usèrent à cause du charme particulier de sa sonorité, qui lui vient d'un deuxième jeu de cordes sympathiques tendues sous la touche et qui traversent le chevalet ; on en compte de sept à quatorze, accordées diatoniquement ou chromatiquement. Ce serait au son caractéristique d'écho qui en résulte que l'instrument devrait son nom (les cordes sympathisant amoureusement...). L'origine de cet instrument est controversée ; c'est le violiste anglais Daniel Farrant, musicien de Jacques Ier entre 1606 et 1625, qui l'aurait inventé. Au xviiie siècle, certaines violes d'amour ignorèrent les cordes sympathiques ; en revanche, elles étaient montées en cordes de laiton et non de boyau. Dans tous les cas, la viole d'amour est essentiellement un instrument soliste, un peu à la manière du quinton et du pardessus de viole, quoique ses emplois aient été ennoblis si l'on tient compte de la valeur de certaines œuvres où elle intervient. Ordinairement, elle accompagnait un air d'opéra ou de cantate. Vivaldi y a recours dans certains concertos pour ajouter un pittoresque de timbre. J.-S. Bach a laissé quelques-unes des plus nobles pages confiées à la viole d'amour : il y a deux violes d'amour dans la Passion selon saint Jean, une dans la cantate Tritt auf die Glaubensbahn (1715) pour le dimanche après Noël, l'autre dans la cantate profane Der zufriedengestellte Äolus (1725) pour un anniversaire. On peut signaler enfin que la violetta marina, le siné keman turc et le hardingfela norvégien sont des espèces de violes d'amour.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
Autres références
-
VIOLETTE MARINE
- Écrit par Pierre-Paul LACAS
- 60 mots
D'après Burney, Pietro Castrucci (1679-1752) inventa et construisit la violetta marina, sorte de viole d'amour, dont il fut un virtuose réputé et qui fut utilisée notamment par Haendel dans Orlando et dans Sosarme. Son existence fut éphémère, comme celle de nombre d'instruments à cordes...