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VIOLE DE GAMBE

Instrument à cordes et à archet, appartenant à la famille des violes dont il fut le membre qui eut l'existence la plus longue, avant sa reviviscence au xxe siècle. La viola da gamba (Kniegeige), comme son nom l'indique, se joue verticalement, posée sur un support ou tenue entre les jambes (viole de « jambe »). On l'oppose à la viola da spalla, qui s'appuyait sur l'épaule, et à la viola da braccio, qui se jouait en position horizontale, tenue par le bras et fixée sous le menton. La viole de gambe est un ténor (une taille) de viole ; plus simplement, on l'appelle gambe. On finit d'ailleurs par appeler gambes toutes les violes, même celles que l'on jouait à bras et cela afin de les distinguer des violons, altos et violoncelles, membres d'une autre famille d'instruments à cordes. La viole de gambe est munie de six cordes, ainsi accordées : 1, sol 1, ut 2, mi 2, la 2, 3. Sa caisse a une taille à peu près équivalente à celle du violoncelle moderne ; comme lui, elle possède des échancrures latérales. Cependant, la partie supérieure de la caisse n'est pas arrondie, mais tombe rapidement. Les éclisses sont plus larges sur la gambe que sur le violoncelle. Les ouïes prennent la forme d'un C majuscule, d'une flamme ou d'une faucille. La table intérieure est toujours plate ; le devant en est souvent légèrement bombé. Il y a souvent sous la touche une assez large rosace, ordinairement ronde et en dentelle de bois. La touche elle-même, la plupart du temps munie de sept sillets transversaux, est plus large que celle des violoncelles. Grâce au chevalet qui est plat, les accords sont possibles. Bien que sa tessiture corresponde, à l'intérieur de sa famille, à celle du ténor, elle est souvent tenue pour jouer la partie de basse dans un ensemble de musique de chambre. Aussi l'appelle-t-on régulièrement basse de viole. Elle tient le continuo ou joue des solos, avec accompagnement de clavecin ou avec d'autres instruments à cordes et à vent. Tandis que les autres violes disparaissaient, la viole de gambe ténor continua d'être utilisée tout au long du xviiie siècle. Dans la musique de chambre, elle fut longtemps préférée au violoncelle, l'instrument rival. La polémique se prolongea, et partisans de l'un ou de l'autre instrument n'hésitaient pas devant la diatribe, voire la passion enflammée et vulgaire ; telle celle d'un certain Hubert Le Blanc qui traite le violoncelle de « misérable cancre, hère et pauvre diable... » dans sa Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle (Amsterdam, 1740). Comme les autres violes, sa sonorité est grave et douce ; moins faite pour la musique énergique et brillante que pour le charme tranquille et paisible d'une harmonie simple et s'écoulant régulièrement, elle convient parfaitement à l'expression polyphonique, comme tous les instruments d'autrefois. La noblesse du son des violes ne convenait plus à l'esprit de la musique nouvelle, éprise de dynamique intensive, pour laquelle les violons partaient mieux armés. Parmi les meilleures œuvres composées pour basse de viole, figurent les Divisions on a Ground, variations écrites par Christopher Simpson (1605-1669), célèbre gambiste anglais, et qui parurent dans The Division Viol (Londres, 1659) ; on les réédita par deux fois : en 1665 et en 1712 ; le titre complet de l'ouvrage (The Division Viol, or the Art of Playing Extempore upon a Ground) indique bien que l'art de jouer de la viole ne pouvait être séparé de l'art de l'improvisation.

C'est le violiste français Jean Rousseau (1644-1700 env.), à la réputation de virtuose, qui publia chez Ballard en 1687 un Traité de la viole qui eut quelque retentissement et alimenta la polémique. Comparable à la viole de gambe[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Autres références

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