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VIOLON

« Or les beautés et les gentillesses que l'on pratique dessus sont en si grand nombre que l'on le peut préférer à tous les autres instruments, car les coups de son archet sont parfois si ravissants, que l'on n'a point de plus grand mécontentement que d'en entendre la fin, particulièrement lorsqu'ils sont mêlés des tremblements et des flattements de la main gauche, qui contraignent les auditeurs de confesser que le violon est le roi des instruments. » Ainsi disait Mersenne, dans son Harmonie universelle, en 1636. Ces affirmations ont conservé leur valeur ; irremplaçable en musique classique, ayant supplanté nombre d'instruments ethniques, adopté par le jazz et la pop music, le violon reste le « roi ». Il a suscité, depuis la fin du xixe siècle en particulier, une extraordinaire floraison d'écrits musicologiques, historiques, technologiques, scientifiques et littéraires, inspiré d'innombrables compositeurs, intrigué de savants acousticiens jusqu'à nos jours, comme aucun instrument de musique ne l'avait jamais fait.

Historique

Musicalement, le violon est caractérisé par le fait qu'il est un instrument à touche lisse (contrairement à la viole) et qu'il comporte quatre cordes accordées à la quinte. Si l'on ne retient que ces particularités fondamentales, on peut trouver au violon des ancêtres, il y a des millénaires, en Inde ou en Chine. En Europe, le mot « violon », selon H. Coutagne, est passé du provençal dans notre langue non vers 1550, comme le prétendent les partisans de la théorie en question, mais à une époque très antérieure ; non seulement il est usité à Lyon en 1548, mais il figure en 1533 dans les dépenses secrètes de François Ier. Si des incertitudes subsistent quant à l'instrument désigné alors par ce vocable, on commence à trouver des documents précis dès le milieu du xvie siècle, montrant qu'il s'agit bien du violon actuel, dans sa forme, ses dimensions et son jeu. Dès 1556, Philibert Jambe de Fer, comparant l'instrument aux violes, en parle sans ambiguïté ; en 1562 est gravé le célèbre portrait de Gaspard Duiffoprugcar, luthier à Lyon, qui lève tous les doutes. Ce dernier personnage semble avoir joué un rôle absolument déterminant dans la mise au point de l'instrument tel qu'on le connaît. Fabricant de luths, de violes, de harpes, c'était un luthier raffiné, connaissant bien son métier. Ce fut lui qui eut très probablement l'idée de modifier un instrument, le rebec, fort utilisé en Europe dès le Moyen Âge, et plus particulièrement pratiqué à Lyon, alors quasiment « capitale des Gaules »... Cet instrument avait trois cordes. On rajouta une quatrième corde pour en augmenter l'étendue et lui donner un corps « noble » à la manière des violes ! Il est certain que le violon fut tout de suite une réussite. Dès 1618, Praetorius le décrit, croquis coté à l'appui, de manière précise dans la forme et les dimensions qui sont siennes aujourd'hui. La perfection de la conception est attestée par le fait qu'on a tenté en vain et d'innombrables fois de l'améliorer. Même si F. Savart, au début du xixe siècle, réussit à montrer que la forme de la caisse jouait un rôle secondaire dans la sonorité de l'instrument, il n'en reste pas moins vrai qu'elle est justifiée pour des raisons de tenue dans le temps.

Le violon, à l'époque de Stradivarius, était un membre de toute une « famille » : violon, alto, ténor, basse et contrebasse. Le ténor, qui se jouait sur les genoux, disparut de bonne heure. On notera que les dimensions relatives entre les membres de la famille découlent d'expériences empiriques et sont liées aux propriétés de l'oreille humaine. Celles-ci n'étant pas « linéaires », le violon, l'alto, le violoncelle, la[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chargé de cours d'acoustique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Médias

Tartini - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Tartini

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Paganini

Eugène Ysaÿe - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Eugène Ysaÿe

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