VIOLON
Problèmes technologiques de construction
Le fabricant de violons traditionnel, le « luthier », fait un métier difficile. Il doit d'abord acquérir les bois nécessaires, tels que l'épicéa et l'érable. Ces bois doivent présenter des qualités bien définies. Ils doivent être « nerveux » (modules d'élasticité élevés), légers (faible masse volumique ou « densité »), peu sujets à la déformation permanente. Les bons bois de lutherie viennent de Roumanie, de Hongrie, du Tyrol, de Suisse. On les laisse sécher dans certaines conditions pendant plusieurs années. Puis le luthier (cf. gravure) choisit un « modèle », généralement copié des anciens italiens de l'époque classique. Un « moule » en bois plein, ayant la forme intérieure de la caisse, lui permet de réaliser et de monter les « éclisses », sur lesquelles on collera fond et table. Le fond est tiré d'une planche d'érable modelée en forme de voûte, afin que l'instrument puisse résister à la déformation provenant de la tension des cordes (environ 25 kgf en tout). Le fond est ensuite « vidé », les épaisseurs finales étant faibles (de 2 à 5 mm environ). Tout ce travail se fait à l'aide de gouges creuses, de petits rabots à semelle bombée, de racloirs, de papier de verre, etc. Enfin, le fond est collé sur les éclisses. On enlève alors le moule intérieur et on confectionne la table en épicéa tout comme on l'a fait pour le fond. On coupe dans la table deux ouvertures en forme de f (les ouïes), puis on colle une « barre » sous le pied gauche du chevalet. La table est ensuite collée à son tour sur les éclisses. La « caisse » est terminée. Les bords sont renforcés par incrustation de « filets » (généralement deux filets noirs et un blanc). On confectionne ensuite le manche à partir d'un bloc d'érable. « Chevillier » et volute sont de vraies pièces de sculpture permettant au luthier de « personnaliser » son violon. Finalement on vernit l'instrument, chaque luthier ayant ses « secrets »... Lorsqu'on veut empêcher la pénétration trop grande du vernis, on enduit le bois d'un encollage. Les vernis peuvent être à l'alcool, aux huiles essentielles, à l'huile de lin (vernis gras) ; ils sont généralement colorés « dans la masse » et leur application est délicate. En facture industrielle, on utilise couramment des vernis « modernes », appliqués au pistolet, dont l'aspect est souvent moins séduisant que celui des vernis traditionnels. Finalement, on place l'âme, petite baguette d'épicéa, coincée entre la table et le fond, un peu en arrière du pied droit du chevalet, du côté des cordes aiguës. La distance âme-pied du chevalet permet de régler dans une assez large mesure le degré de liberté du pied droit, c'est-à-dire le degré d'acuité des notes aiguës. Pour le grave, régi par la barre, on ne peut malheureusement pas faire de réglage de ce genre sans ouvrir l'instrument.
Enfin on monte les cordes et l'on essaye l'instrument ; on modifie le cas échéant le réglage d'âme, les dimensions du chevalet. L'instrument, soumis à des contraintes assez fortes venant de la tension relativement élevée des cordes, se déforme toujours plus ou moins au début, et la « sonorité » évolue pendant tout ce temps. Mais après quelques semaines ou quelques mois, le violon se « stabilise » et on peut alors en jouer dans de bonnes conditions pendant fort longtemps, moyennant quelques précautions (éviter les chocs, l'humidité, etc.).
La facture traditionnelle est quasi artisanale ; mais il existe aussi une production industrielle. On ne peut obtenir, alors, une qualité sonore stable que si les bois sont de même qualité ou si l'on retouche chaque instrument. Le violon bien fait étant « inusable », le luthier moderne vit difficilement[...]
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Écrit par
- Émile LEIPP : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chargé de cours d'acoustique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
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